L’auto-hypnose, phénomènes hypnotiques et applications

Ce quatrième article signe la fin de cette série d’articles consacrés à l’auto-hypnose. Après une Introduction, et un peu de technique (article 2 et article 3), nous allons maintenant passer aux applications de l’auto-hypnose. Je parlerai ici de phénomènes hypnotiques, de l’une des application qu’on peut en faire lors d’une séance (en dehors de la partie ludique). Puis je terminerai par une ouverture sur l’aspect plus méditatif de l’auto-hypnose.

Des phénomènes hypnotiques

Les mouvements idéo-moteurs

Il s’agit du phénomène hypnotique le plus simple à obtenir, même à l’état d’éveil tout le monde (ou presque) peut les avoir. Le principe est simple, on imagine quelque chose qui a une influence sur notre corps, et celui-ci réagit en bougeant.

Une fois en état de transe, ces mouvements deviennent encore plus présents, et surprenants à vivre. Il en existe une bonne quantité, mais je ne présenterai que ceux que j’utilise le plus fréquemment.

L’intérêt de travailler ces mouvement est d’augmenter la dissociation sur une partie du corps. Le conscient laisse en quelque sorte le contrôle à l’inconscient, qui peut ainsi s’exprimer au travers de la partie mobilisée.

Mouvement d’un bras (montée/descente ou gauche/droite)

Il vous suffit de mettre l’un de vos bras dans une position confortable, afin que la main puisse se déplacer facilement dans toutes les directions. Vous imaginez alors quelque chose qui va faire bouger ce bras, une force invisible, ou quelqu’un qui vous prend le poignet et tire dessus. Peu importe l’image qui vous parle le plus, à vous de choisir. Vous sentirez à un moment comme si le bras prenait son indépendance et commençait à bouger tout seul. C’est assez surprenant la première fois, mais très amusant.

Le plus impressionnant est surtout lors de la première dissociation. Avant, nous sentons le mouvement, mais nous sentons aussi les muscles qui se contractent pour le provoquer. Une fois la dissociation obtenue, on a l’impression de pouvoir relâcher tous nos muscles complètement, et le mouvement continue, comme s’il était provoqué par une entité extérieure.

Mouvement de la tête

Ce phénomène est pratique lorsque vous êtes en position assise ou debout, et que vous n’avez pas le courage, l’envie ou la possibilité de mettre l’un de vos bras en équilibre. Si le départ en transe fait basculer votre tête vers l’avant (comme c’est le cas pour moi), imaginez simplement quelque chose qui tire votre tête vers le haut, ça vous redressera complètement, au début la tête remonte en douceur, puis lorsqu’elle arrive en position haute, elle se stabilise et se maintient seule, même si nous lâchons le contrôle conscient de nos muscles. Une fois dans cette position, on peut demander à notre tête de tourner vers la droite (ou plutôt dire à notre inconscient : on peut faire tourner la tête vers la droite ?) on remarque alors qu’elle se met à bouger toute seule dans la direction désignée. Là encore, c’est très surprenant la première fois (surtout que pour ma part, je ne l’avais pas demandé la première fois, ça a été une surprise quand ma tête s’est mise à tourner toute seule !).

La catalepsie

Il s’agit en quelque sortes de l’évolution des mouvements idéo-moteurs, on obtient alors une dissociation d’une partie du corps de telle sorte que le conscient ne puisse plus la faire bouger.

Ce phénomène n’est pas nécessaire en soit pour avoir la suite, mais j’aime l’utiliser pour une raison simple : je suis alors sûr que le signaling mis en place est bien une expression inconsciente et non un mouvement conscient.

Pour la suite, je parlerais de catalepsie du bras, mais bien entendu, cela peut s’appliquer à n’importe quelle autre partie du corps.

Il existe plusieurs stades de catalepsie qui peuvent aller du simple fait de ne pas avoir envie de bouger le bras à l’incapacité totale de le faire même en mobilisant sa volonté. Bien entendue, à tout moment vous récupérez le contrôle en vous disant « et maintenant je reprend le contrôle de mon bras ».

Pour obtenir ce phénomène, on propose généralement à nos volontaires d’imaginer qu’ils ont le bras qui se durcit comme une barre de fer, et que par conséquent, ils sont incapables de le plier. Mais on peut aussi imaginer que notre conscience se matérialise par une sensation (couleur, température), et qu’elle quitte petit à petit le bras de sorte qu’elle soit finalement incapable de le contrôler. Là encore, tout n’est qu’une question de métaphore et l’image qui vous parlera le plus sera celle qui fonctionnera le mieux sur vous.

Au final, vous avez la sensation que vous pouvez oublier votre bras, et qu’il tient tout seul dans la dernière position que vous lui avez consciemment donné. Et que même en essayant de le bouger, il refuse d’effectuer le moindre mouvement.

Le signaling

La communication avec notre propre inconscient est souvent quelque chose d’assez abstrait. On sait qu’il est là, on le sent parfois se manifester par une émotion ou une idée qui surgit d’on ne sait trop où. Mais dès qu’il s’agit d’avoir des échanges construits, c’est une autre paire de manches.

Si vous avez déjà essayé de vous parler mentalement à vous même, vous voyez certainement très bien ce que je veux dire. Cette impression de ne pas savoir « qui parle ». On peut poser une question et donner ou influencer la réponse de manière consciente.

Établir les conventions

L’une des solutions pour faciliter ce dialogue est le signaling. Il s’agit de mettre en place des mouvements idéo-moteurs permettant de répondre de façon simple à des questions posées à l’inconscient.

Ces mouvements peuvent êtres aussi simples que :

  • Pour répondre « oui », le bras se déplace vers la droite, pour « non », vers la gauche,

  • Pour répondre « oui », la tête tourne vers la gauche, pour « non », vers la droite.

Il ne s’agit que d’une convention avec vous-même, l’essentiel est que vous l’établissiez au moins une fois.

Comme je l’ai dit plus tôt, j’aime me mettre la partie du corps qui sert au signaling en catalepsie, pour m’assurer que le mouvement est purement inconscient. Chez moi, il s’agit généralement de la tête qui tourne de droite à gauche.

L’étalonnage

Une fois que les conventions ont étés établies, il est nécessaire de les « tester », pour s’assurer que qu’elles sont bien intégrées. En général, je procède comme suit :

  • Je me dis « Donne moi un oui », et je constate le mouvement généré,

  • Puis « retournes à la position d’origine », afin de recommencer sur une position de référence,

  • « Donne moi un non », le mouvement doit être dans le sens opposé du premier,

  • Et enfin, retour à la position d’origine pour commencer la séance.

Il est d’ailleurs parfois assez surprenant de constater à quel point notre inconscient est joueur. Au début, j’utilisais la lévitation du bras comme méthode de signaling (le bras monte = « oui », il descend = « non »). Puis un jour, lors du test d’étalonnage, le bras n’a pas bougé, mais la tête s’est mise à tourner toute seule. Depuis ce jour, c’est le signal que j’utilise lors de mes séances.

L’introspection

Lorsque je vous disais que l’auto-hypnose est un excellent moyen de mieux se connaître soi-même, je parlais précisément de ce point. Une fois qu’un signaling est mis en place, il est possible de se poser des questions simples, pour essayer de comprendre, ou plutôt de conscientiser certaines de nos réactions. Cela peut aussi être utilisé pour générer un changement profond (mettre fin à une phobie, gérer un stress, etc), en commençant par demander à notre inconscient s’il est d’accord et prêt pour travailler sur ce point, et si c’est le cas, on peut utiliser par exemple la méthode Rossi pour provoquer le changement.

Il ne faut pas non plus mystifier l’inconscient. Il s’agit d’une partie intégrante de nous-même, c’est cette partie qui est à l’origine de notre intuition, de nos ressentis. Mais il lui arrive aussi de se tromper, et peut-être même au moins aussi souvent qu’à notre conscience (qui est plutôt notre partie rationnelle).

Je vous conseille aussi d’éviter de vous forcer la main (pour provoquer un changement, si l’inconscient ne vous donne pas son accord, essayez d’expliquer ce que vous cherchez, voire de limiter votre demander à un niveau moindre), n’entrez en aucun cas en conflit avec vous-même, et c’est précisément ce qu’on cherche à éviter pour le développement personnel. Si votre inconscient n’est pas prêt, il a certainement ses raisons, dont vous n’êtes pas forcément au courant sur un plan conscient, il peut être nécessaire de reporter à plus tard certains changements afin de vous laisser le temps de l’envisager de façon plus profonde.

Mais aussi bien plus

Les phénomènes hypnotiques ne sont pas nécessairement la partie la plus intéressante de l’auto-hypnose, bien qu’ils soient la partie la plus « ludique », vers laquelle on a tendance à se tourner au début.

L’état de transe que nous obtenons avec les techniques citées précédemment est aussi une bonne base pour une pratique plus méditative, ou du moins contemplative. On peut alors essayer de « laisser passer les idées », sans s’y accrocher, ni les retenir, simplement en constatant, en s’observant soi-même de l’intérieur.

Il s’agit d’un excellent moyen pour s’apaiser et lâcher prise. En effectuant cette pratique de façon régulière, on est surpris de constater à quel point le tumulte de nos pensées peut évoluer au cours des jours, des semaines et des mois, vers un état beaucoup plus calme.

Il s’agit d’un excellent moyen pour se sentir bien, et complètement « centré ».

Conclusion

Au cours de cette série d’article, j’ai essayé de vous présenter différents points vous permettant d’explorer l’auto-hypnose, associés à quelques phénomènes simples que vous pouvez utiliser pour tester l’état et établir une communication primaire entre votre conscience et votre inconscient.

Il ne s’agit que d’une infime partie de ce qu’il est possible de faire avec l’auto-hypnose, et je vous encourage à vous renseigner plus en profondeur sur le sujet, et surtout à explorer et tester de votre côté. Car en hypnose, une seule chose est sûre : nous sommes tous différents, et ce qui marche chez l’un peut très bien s’avérer inefficace sur un autre.

Maintenant que vous avez les clés en main, n’hésitez pas à vous lancer !

Aurélien

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14 réflexions au sujet de “L’auto-hypnose, phénomènes hypnotiques et applications”

    • Salut Quentin,
      Oui tu peux te provoquer des hallucinations en auto-hypnose.

      Je ne peux pas te donner de méthode unique qui marche à 100%, mais je peux te raconter comment ça s’est fait pour moi et te donner quelques pistes à explorer ensuite.
      Pour ma part, c’était à un cabinet public que Kévin Finel et il disait que l’Inconscient était capable de recréer ce que le conscient souhaite — noyé au milieu de plein d’autres choses, alors que j’étais en transe.
      Après le réveil, dans un premier temps j’ai eu un grand trou noir de ce qui s’était passé, mais en discutant après le cabinet public des bribes de souvenirs me sont revenir dont cette phrase. Alors j’ai fixé un point au loin, et en me répétant cette phrase avec l’intonation de Kévin, en moins d’une dizaine de seconde mon chien est apparu de derrière une chaise.
      Le soir même, en rentrant à l’appartement, je me suis amusé à le faire apparaître à un coin de rue, et il m’a accompagné sur une centaine de mètre avant de disparaître à autre coin — sans moyen de le rappeler.
      Le lendemain à la formation, sur un sujet qui n’avait absolument rien à voir, Kévin a dit exactement la même phrase et en conversationnelle mon chien s’est repointé, s’asseyant simplement devant moi à la formation.

      Si tu es accompagné par quelqu’un au moins la première fois, ce sera beaucoup plus facile pour toi.
      Tu peux également avoir des hallucinations qui ne sont pas aussi concrète, par exemple une fois j’avais un bout de verre dans le pied et j’avais cicatrisé par dessus. Je me suis anesthésié en autohypnose pour pouvoir y aller à coup de scalpel, et au niveau audiovisuel c’était très bizarre, tout était super éclairé et seul mon pied était net, je n’entendais rien. Tu peux commencer avec ce genre d’effet — à la manière de convincer — en modifiant tes perceptions avant d’aller plus loin.

      D’autre part, une astuce pour les hallucinations serait d’utiliser le principe de pyramiding. Ca consiste a d’abord sentir la présence du chien auprès de toi, commencer à ressentir qu’il est là (vent, qu’importe), des bruits (de pattes, autres), avant de le voir là où tu sens sa présence. En gros, en transe, tu appliques vraiment tout ça, tu le recrées en fermant les yeux, et quand tu sens tous les éléments non-visuels, tu ouvres les yeux.

      Garde en tête qu’à un certain niveau, la douleur est une hallucination, et qu’on module chacun sa douleur sans avoir besoin d’être sous hypnose — même si on le fait encore mieux sous hypnose — donc finalement, pourquoi ce serait différent ?

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  1. merci pour ces articles qui me sont d’un grand secoure, n’ayant pas trouvé d’hypnotiseur adapté, je suis toujours a la conquête de l’auto hypnose ^^

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  2. intéressant le point qu’a évoquer Brieuc du Garay sur les hallucination… ce serais possible d’en faire un article pour que l’on sache la méthode ?
    Un grand merci 🙂

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  3. Bonjour,
    J’aimerais savoir s’il existe une autre forme de communiquer avec le subconscient, un signalling qui ne soit pas un mouvement d’un doigt d’une main ou autres spasms ou mouvements d’une partie du corps.
    Autrement dit, s’il est possible que le subconscient nous réponde par une sensation, telle un picotement ou une demangaison pour nous dire OUI ou NON.
    étant donné que le subconscient est censé contrôler tous nos mouvements et sensations involontaires, ce serait la preuve que le conscient n’intervient en rien, car il est incapable de produire ce genre de sensation.
    Merci d’avance pour ta réponse.
    Bien cordialement
    Miguel

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  4. Encore un article très intéressant, cette fois qui conclue une série des plus captivantes, surtout pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance de se faire hypnotiser : ce que tu décris ici peut effectivement permettre de se rassurer, voire même de s’assurer d’une transe personnelle induite en auto-hypnose.

    Ton rapprochement entre méditation et auto-hypnose est des plus judicieux : je pense depuis très longtemps en pratiquant l’une comme l’autre que ce sont en fait les mêmes états, avec des façons différentes d’être approchés, qui dépendent autant des sensations physiologiques que de nos perceptions psychologiques – et donc culturelles.

    Une petite coquille peut-être, qui me semble très proche d’un lapsus : quand tu dis qu’il ne faut pas mystifier l’inconscient, ne voudrais-tu pas plutôt dire qu’il ne faut pas le mythifier ?

    Sinon merci encore pour tout ce que tu fais, j’aime beaucoup ! 😉

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    • Merci, ça fait toujours plaisir quand un article plaît 😀
      Concernant la labsus, j’avoue que la nuance peut être discutée. J’utilise mystifier par habitude de « démystifier l’hypnose », mais effectivement, je veux juste dire que l’inconscient n’est pas un être tout puissant qui connaît tout sur tout, c’est juste une partie de nous-même, et donc il lui arrive à lui aussi de se tromper (même si au final, tout ce qu’il fait part d’une intention positive pour nous) 😛

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  5. Tout ce qui touche au changement visuel quand je fais une suggestion (ex : pause / lecture, hallucinations, etc) ne marche pas du tout 🙁 des conseils ????? Merci d’avance !

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