Etre hypnotisé, un vrai apprentissage !

Aujourd’hui, c’est de moi dont je vais parler. Non pas en tant qu’hypnotiseur, mais en tant qu’hypnotisé.

Un petit retour en arrière s’impose

J’ai appris l’hypnose en 2008, ce n’est plus un secret pour vous. Par contre, la première fois qu’une personne a réellement pratiqué l’hypnose sur moi remonte seulement à l’été 2010. Un hypnothérapeute parisien à qui j’avais fait découvrir l’hypnose de rue s’était porté volontaire pour me faire vivre l’expérience.

J’ai donc découvert les joies de la relaxation par l’hypnose, et à mon grand regret j’ai très vite été bloqué par un processus intérieur qui m’a empêché de me laisser aller complètement.

Pourtant, aussi fou que cela puisse paraître, j’ai toujours eu une conviction à l’intérieur de moi : je suis réceptif. En d’autres termes, j’ai une très bonne imagination et une capacité de concentration assez forte, grâce notamment à ma deuxième passion : le jeu de Go, qui est un jeu sur plateau qui ressemble légèrement aux échecs et où la concentration, la lecture du jeu et l’intuition jouent un rôle prépondérants.

Pour moi, l’hypnose se résume bien souvent à trois facteurs clés :

  • Imagination
  • Concentration
  • Lâcher-prise

Il ne me manque plus que ce dernier point.

Les tests de suggestibilité fonctionnent tous très bien, et c’est seulement avec les premiers phénomènes hypnotiques challenge comme la main collée ou le prénom oublié que je n’arrive pas encore à suffisamment lâcher prise. Je souhaite tellement des résultats positifs qu’au final je reste beaucoup trop à la surface pour pouvoir laisser pleinement passer la suggestion. Je suis dans l’analyse permanente.

Comment devenir un meilleur volontaire ?

Il y a trois méthodes. Se faire hypnotiser encore et encore, l’auto-hypnose et/ou la méditation selon les préférences de chacun.

Mon objectif maintenant : comprendre comment je fonctionne pour mieux lâcher-prise. Mais quelles notions se cachent derrière ce concept finalement très vague et abstrait ?

Une récente découverte qui va peut-être tout changer

J’ai lu il y a quelques jours un livre intitulé Se libérer du connu, écrit par Krishnamurti, un philosophe Indien remarquable. Ce qu’il nous propose, c’est de sortir de toutes nos pensées et connaissances passées pour réussir à vivre pleinement le présent tel qu’il est réellement. Le voir et le vivre dans les faits, coupé de toutes les images préconçues par notre société. Par exemple, apprendre à regarder un arbre sans penser au mot arbre et à tous les concepts qui le représentent. Juste voir sa véritable beauté, sans juger ni analyser.

Le plus gros problème que je rencontre, c’est que je VEUX progresser. Je veux que l’hypnose fonctionne de mieux en mieux sur moi. Et Krishnamurti m’a fait comprendre qu’il était illusoire de suivre cette voie là. Il montre admirablement bien comment opposer ce que l’on est avec ce que l’on aimerait être ne permet tout au plus que de créer des conflits inutiles à l’intérieur de nous. Et qui dit conflits intérieurs, dit forcément résistances.

Plus je voudrais tout mettre en oeuvre pour que cela fonctionne, et moins j’y parviendrai.

Ma première catalepsie

J’ai déjà réussi à obtenir une catalepsie d’intensité légère, et au final c’était la seule fois où je me souviens m’être vraiment laissé aller. Parce que c’était une personne débutante qui m’avait hypnotisé ce jour-là, je n’en attendais rien. Je voulais juste profiter du bien-être que ses suggestions me procuraient. Et je me suis surpris à ne plus pouvoir bouger mes pieds du sol. Je n’ai pas senti mes jambes lourdes ou mes pieds collés au sol, je n’en suis pas encore là. Mais j’étais clairement dans la phase je sais que je peux les lever, mais je n’en ai pas envie. Comme comme si j’avais oublié comment faire.

Ne pas analyser. Juste être attentif.

Au fond, penser, cela veut dire quoi ? Ni plus ni moins que faire appel à des références passées, et donc potentiellement à autant de résistances empêchant le lâcher-prise. Si on ne pense plus et que l’on se contente de vivre le présent, il ne peut plus y avoir de conflits. Parce qu’on est dans l’attention, totale, et non plus dans l’analyse et le jugement.

Je dois être ici, dans l’instant présent, sans analyser, ni juger. Il faut réussir à arrêter de penser et privilégier l’attention. Cela ne veut pas dire qu’il faut ne penser à rien. Il faut au contraire réussir à se laisser guider par l’hypnotiseur. Se laisser submerger par ses mots et tout ce qu’il essaye de nous transmettre. Se connecter ensemble, de la façon la plus simple qui soit. Etre attentif à tout ce que l’on vit, nos ressentis, nos émotions, et à la beauté de toutes les énergies qui sommeillent en nous. Chacun verra des choses différentes à l’intérieur de lui. Et Krishnamurti est bien trop humble pour imposer sa propre vérité. Il nous encourage tout simplement à tous découvrir la notre par nous-même.

Si je souhaite devenir un meilleur volontaire, il me faut me libérer de mes peurs.

La peur, de quoi ?

La peur de l’inconnu. La peur du connu. Toute peur est de toute façon liée à mes pensées, mes idées et mes expériences. Une peur ne vient pas de nul part, elle s’est construite à l’intérieur de moi. Ce sont tous les codes de notre société qui m’ont inculqué fondamentalement toutes ces peurs. La peur de perdre mon libre arbitre, la peur d’être sous l’emprise d’un autre, la peur d’être manipulé, la peur d’être changé en quelqu’un qui ne me ressemble plus. Bien sûr, je sais que l’hypnose n’a rien à avoir avec tout cela. Tout comme un arachnophobe sait pertinemment que la petite araignée de 2 millimètres de diamètres ne lui fera de toute façon aucun mal. A ce moment là, on a juste envie de dire : c’est plus fort que moi. Cette force, n’est autre qu’une intervention – sûrement illégitime – de l’inconscient.

Se libérer de mes peurs ne veut donc pas dire les condamner, ni même les justifier. Je sais qu’elles n’ont pas lieu d’être. Pourtant, elles sont là, sinon j’arriverais à lâcher-prise. Selon Krishnamurti, je dois réussir à observer ces peurs dans leur globalité, dans leur structure, et sans jamais les juger. Le simple fait de les observer, de chercher à comprendre leur fonctionnement, me permettra au final de les surpasser. En revanche, chercher à les contourner et à les apprivoiser ne ferait que leur donner plus de réalité.

Vouloir que ça marche, c’est échouer

Le désir de réussite est une forme d’échec. Vouloir que ça marche, c’est déjà quelque part fausser l’expérience et provoquer son échec. Il faut apprendre à vivre l’expérience pour ce qu’elle est, et non pas pour ce que l’on aimerait qu’elle soit.

C’est ça, le lâcher-prise.

Le mot de la fin

Tout ce que je viens de dire fonctionne aussi en tant qu’hypnotiseur ! Arrêtez de vous poser des questions. Vivez votre séance dans le présent, profitez ! Vous aurez tout le temps d’analyser vos réussites ou échecs dans un second temps.

Bon ok, je l’admets, plus facile à dire qu’à faire.

Jean-Emmanuel

Passionné d'hypnose depuis 2008, Jean-Emmanuel partage avec vous toutes ses expériences et son savoir faire afin de vous permettre d'apprendre l'hypnose dans les meilleures conditions possibles. Il est également auteur du livre "la voix de l'inconscient".

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9 réflexions au sujet de “Etre hypnotisé, un vrai apprentissage !”

  1. Très intéressant comme point de vue. C’est vrai qu’il est intéressant pour un hypnotiseur de « modéliser », c’est-à-dire d’apprendre comment fonctionne, un autre hypnotiseur, talentueux.
    Et pour un thérapeute, c’est aussi important de modéliser les « bons clients », ceux qui rentrent bien sous hypnose. Comme ça, on peut l’expliquer à nos clients. 🙂

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  2. Salut JE,

    En effet, c’est comme si le soir tu t’allonges dans ton lit, tu poses la tête sur ton oreiller et tu dis dans ta tête, en boucle : « faut que je dorme, faut que je dorme, faut que je dorme »…on imagine vite le résultat.

    Les peurs sont un paramètres important, mais je ne crois pas que ce soit le seul, la façon de te le faire vivre aussi peut jouer, as-tu testé plusieurs façon de faire l’expérience de l’hypnose ? (de façon volontaire j’entends ;)).

    a+

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  3. Lorsque je ‘ai peur, que je sens que je ne vais pas y arriver, que se profile une journée de travail surchargée et qui me semble insurmontable…je me remémore ce que m’a dit un jour un très bon ami hypnothérapeute, un des meilleurs conseils qui m’ont été donnés :

    « je suis ici, et maintenant ».

    Et tout comme « le voyage de mille lieues commence au premier pas », je mets un pied devant l’autre, sans me projeter, sans analyser à outrance la situation…et ça marche !

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  4. Emmanuel bonsoir je suis en plein dedans !! Est-ce sue depuis 2013 les choses on évoluée ? Je suis entrain d apprendre je me suis inscrite à la formation de street à Montpellier en avril .. afin de me laisser vivre mes cessions . J aimerai apprendre les analgésies afin de gérer ma douleur pendant les séances de tatouages .. et je veux tellement que je ne parviens pas à lâcher prise !!
    Pouvez vous m orienter merci

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    • C’est marrant de relire cet article haha.
      Les choses ont BEAUCOUP évolué pour moi depuis 😀
      Ce serait intéressant de refaire un article prochainement pour faire la comparaison 😉

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