Quelques trucs et astuces qui m’ont permis d’augmenter mon taux de réussite

Dans la rue, il n’est pas rare de tomber sur des cas « résistants », des personnes aux croyances limitantes qui s’empêchent elles-mêmes de vivre l’expérience pleinement.

Dans cet article, je vais vous révéler quelques astuces que j’utilise souvent pour faciliter la séance avant même de la commencer.

Créer le rapport

On l’a déjà dit à plusieurs reprises sur ce blog : l’hypnose de rue, c’est avant tout des rapports humains. En tant qu’inconnu, nous sommes perçus comme potentiellement hostile, ce qui a pour effet d’augmenter le niveau de protection inconsciente de notre volontaire.

Créer un rapport, montrer que nous ne lui souhaitons pas le moindre mal, est l’élément de base permettant de faire progressivement abaisser ces barrières.

Rassurer

Le but du pré-talk est avant tout de rassurer le volontaire, de faire tomber les préjugés, et de placer des fusibles lui permettant de passer la meilleure séance possible.

Il est généralement intéressant de rassurer le volontaire à ce moment là en lui montrant que nous ne sommes pas un marabout cherchant à prendre le contrôle de son esprit de quelque façon ésotérique que ce soit. Présenter la séance comme un jeu auquel vous voulez qu’il se prête est généralement assez productif comme méthode pour le motiver.

Répondre à ses questions, de façon posée, permet de plus de montrer que vous savez ce que vous faites, ce qui vous positionne comme une « autorité » dans le domaine, l’aidant ainsi à prendre confiance en vos capacités.

Distraire

On ne le dira jamais assez : le plaisir est le moteur de la vie, ou du moins de l’inconscient. Faire rire quelqu’un est un très bon moyen de le faire se sentir bien, et de lui donner envie de prolonger l’expérience, en votre compagnie.

Proposer des suggestions plaisantes, riez avec lui et ses amis, et tout le monde passera la séance la plus agréable qu’il soit !

Détendre

Si vous sentez que votre volontaire est encore tendu après votre pré-talk, commencer immédiatement par une suggestion défi (entendez par là une catalepsie, amnésie, hallucinatio etc.) augmente vos chances d’échecs.

L’observation sera alors votre meilleur allié, proposez par exemple une petite séance de relaxation en 2 étapes :

  • la respiration est un bon moyen de se détendre, proposez un exercice simple avec un peu de visualisation, pour rendre la respiration relaxante et faire évacuer les tensions, le stress, les questions ou même l’anxiété.
  • Un second exercice de relaxation hypnotique. Personnellement, j’aime tout particulièrement commencer la séance en utilisant un curseur permettant de régler l’état de stress, pour le faire descendre à un niveau de profonde relaxation.

Une fois détendu, le volontaire est beaucoup plus présent dans l’expérience, il est déjà dans une transe légère qui augmente sa suggestibilité. En cas de doute, commencer de cette façon entraîne une meilleure réussite la plupart du temps.

Amener la suggestion par le jeu

Quel est le meilleur moyen de faire plaisir à un enfant? Lui proposer de jouer avec lui !

Dans un sens, on peut voir l’inconscient comme un enfant, il est avide d’apprendre, et il aime se divertir. Proposez à cette partie de nous, qui est contrainte par le sérieux du quotidien, de s’exprimer à travers le jeu et elle sera votre plus grand allié pour la séance à venir !

La visualisation

J’aime souvent dire que l’hypnose, c’est avant tout de l’imagination. A partir du moment où on commence à imaginer, on se déconnecte de notre environnement pour se perdre dans nos pensées.

Stimuler la visualisation est un excellent moyen de passer une première suggestion, et de faire rire le volontaire.

Un exemple que j’utilise souvent, lorsque j’hypnotise à Toulouse à côté du Capitole :

– Lorsque tu es arrivé, tu es passé par la place du Capitole ?

– Oui (ou Non, ça change pas grand chose pour la suite)

– Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ils ont monté des stands (il y a souvent des stands sur la place), et dans un coin, ils ont mis une statue. Elle est assez grande, mais ce qui fait qu’on la remarque le plus, c’est que c’est un gros éléphant rose.

– Ah non, j’ai pas remarqué (ou pas de réponse, avec un regard amusé)

– C’est normal que tu ne l’aies pas vu, elle n’y est pas, mais par contre tu l’as super bien imaginée !

En général, à ce moment là, le volontaire rit un bon coup, et se rend compte qu’il a une bonne imagination.

L’astuce ici, c’est de poser le contexte, et de faire tomber à point nommé un élément délirant. L’inconscient imaginant plus facilement quelque chose qu’il trouvera amusant.

On peut alors conclure ce test par une petite explication qui aidera le volontaire à mieux appréhender la suite :

Tout ça, c’est déjà de l’hypnose. Tu n’as jamais vu cet éléphant, car il n’existe pas, mais comme je te l’ai suggéré, tu l’as visualisé instantanément, comme s’il avait existé et que tu l’avais vu.

Outre l’effet comique, cela donne le ton de la séance, met le volontaire à l’aise, et lui prouve que l’hypnose fonctionne déjà sur lui.

La catalepsie

Une fois les premières barrières levées, les phénomènes peuvent être passés plus facilement. Mais là encore il est parfois plus productif de prendre un peu de temps pour discuter avec le volontaire, de débriefer, et d’expliquer la suite, que d’essayer de l’assaillir de suggestions trop directes.

Souvent, pour faire une catalepsie, cela peut être aussi simple que de dire, juste après la relaxation et avoir discuté deux minutes avec le volontaire, une ratification suivie d’une suggestion :

La ratification consiste à observer ce qui se passe chez notre volontaire et à le verbaliser.

Article intéressant sur la ratification.

D’ailleurs, je ne sais pas si tu as remarqué, mais tu es tellement absorbé par la conversation que ton corps reste figé dans cette position. Et on peut se rendre compte que cette position est tellement confortable, notamment au niveau des bras (on peut ici désigner n’importe quelle partie du corps qu’on souhaite figer), de sorte qu’il te soit extrêmement difficile de les bouger, voire carrément impossible.

Tu peux essayer de bouger tes bras, mais c’est comme si ton corps refusait de répondre.

On s’aménage ainsi une porte de sortie « extrêmement difficile à bouger », « voire impossible ». Si la catalepsie ne passe pas, le volontaire est certain de ressentir une lourdeur (d’une part car il est généralement difficile de remettre le corps en mouvement dans ces situations, et d’autre part car l’état de transe induit par la conversation passionnante permet de faire passer la suggestion. A vous de rendre l’interaction intéressante !).

Utiliser différentes références populaires

Quoi de plus facile à imaginer que quelque chose que l’on connaît déjà? Utiliser une référence commune, qui a des chances d’être comprise par le volontaire, est un moyen évident de contourner les complications.

Cependant, cette stratégie nécessite de s’assurer que la référence sera bien comprise, ce qui peut être fait en une simple question, ou en utilisant plusieurs exemples, suffisamment diversifiés pour que l’un d’eux tape dans le mille.

La vie de tous les jours

Le plus simple à imaginer reste encore ce que l’on vit au quotidien. D’ailleurs, on utilise souvent ces références de façon naturelle :

  • Dans le pré-talk, il n’est pas rare de comparer l’état d’hypnose à ces moments d’absence que l’on a plusieurs fois par jour,
  • Qui n’a jamais oublié un rêve au moment où le réveil sonne ? Qui ne s’est jamais demandé ce qu’il était venu chercher en entrant dans une pièce ? Qui n’a jamais eu « un mot sur le bout de la langue », cette sensation que l’on sait, mais en même temps que l’on ne sait pas?
  • Pourquoi rendre un objet invisible serait compliqué s’il vous arrive de chercher vos clés qui sont sur la table, juste devant vous, bien en évidence, sans même les voir ?

Tous ces moyens de raviver un sentiment connu ont pour effet de faciliter le phénomène hypnotique que l’on veut suggérer. L’esprit fait alors des associations d’idées, qui font revivre le phénomène en le liant de la façon dont vous l’avez suggéré.

Le fait que ce sentiment soit déjà connu a de plus le gros avantage de montrer au volontaire que finalement, on ne lui fait rien de mystique.

Les films

La culture cinématographique est souvent entrée dans la culture populaire. Ainsi, certains phénomènes, ou concepts, sont plus faciles à décrire au travers d’une image de film.

Il m’arrive ainsi très souvent d’utiliser :

  • la pensine de Harry Potter, pour suggérer la possibilité de sortir une mémoire de son esprit, comme le fait Dumbledore pour mettre de l’ordre dans ses idées,
  • la cape d’invisibilité pour disparaitre sous les yeux du volontaire en un simple mouvement.

Mais bien d’autres références sont utilisables, à vous de faire preuve d’imagination ! Tout en restant dans ce qui est communément connu. Je doute que des références à 1984, adapté du roman de George Orwell ne touche un public très large.

Ruser

On en a déjà parlé, pour faire sauter une résistance, rien de telle que la ruse.

Dissimuler des suggestions

En hypnose conversationnelle, en PNL, et en hypnose Ericksonnienne, il n’est pas rare de trouver des suggestions qui ne sont pas explicitement données comme telles. Manier habilement la discussion peut vous permettre de glisser des suggestions cachées qui auront pour objectif de vous faciliter la tâche par la suite.

N’oubliez pas que c’est vous qui menez la séance. A priori, vous avez plus de connaissances hypnotiques que votre volontaire, ce qui fait de vous une référence en la matière à ses yeux. Si vous affirmez quelque chose de façon naturelle dans la conversation, par exemple :

Je ne sais pas si tu te rends compte, mais tu as quand même une super imagination ! Voir un éléphant rose traverser le Capitole comme ça ! Je suis sûr que la séance va super bien se passer !

Vous avez la possibilité de convaincre votre volontaire que la suite n’est qu’une simple formalité.

Surprendre

L’élément de surprise n’est pas à négliger non plus. Si vous donnez l’impression que vous allez faire quelque chose, et qu’au dernier moment vous changez l’action, ou la suggestion, le facteur critique sera déconnecté l’espace d’un instant, sous l’effet de la surprise, ce qui aura pour effet d’accentuer le lâcher prise.

Des exemples très simples :

  • Pour « débloquer » un hypnotiseur, qui de fait connaît pas mal de techniques, et s’attends à la suite de la procédure, il m’arrive de refaire une induction alors qu’il est déjà en transe, afin d’augmenter la dissociation. Par exemple, lors d’une lévitation du bras, on abaisse le bras en disant « Dors » (ou tout autre mot clé que vous avez utilisé pour la première induction). L’effet est garanti, l’hypnotisé se détend deux fois plus que la première fois.
  • Si vous manipulez les carte, lors d’un « pause/lecture » (ou « freeze/defreeze » pour les puristes), glissez un petit tour réel, en mettant le volontaire en pause l’espace d’une seconde. Il sera persuadé que la suggestion est passée car il ne comprendra pas le tour, ce qui fera s’effondrer les pensées limitantes disant que ça ne marchera pas sur lui.

Rester ouvert

Finalement, plus je pratique l’hypnose, et plus je me rends compte que le plus grand secret, c’est de rester ouvert, ne jamais se reposer sur ses acquis, et faire confiance à son inconscient (ou son instinct, appelez-le comme vous voulez).

Si vous restez à l’écoute, de vous-même et de vos volontaires, dans un respect mutuel, il y a toutes les chances pour que tout le monde ressorte heureux de cette rencontre, et enrichi d’une nouvelle expérience.

N’hésitez pas à tester ces techniques, vous en inspirer pour les utiliser à votre sauce et les faire évoluer, dans le respect de tous.

Aurélien

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8 réflexions au sujet de “Quelques trucs et astuces qui m’ont permis d’augmenter mon taux de réussite”

  1. Merci pour cette article de qualité (une fois de plus).

    Et un petit clin d’œil pour la référence à Harry Potter (je suis un grand fan !)

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  2. Du pur wolvi ! Fluide et joueur !!
    Faire confiance à son instinct, ses tripes, son inconscient, se laisser guider c’est essentiel. Nous sommes tous en transe pendant la séance hypnotiseur et hypnotisé, aussi la communication passe-t-elle au-delà des mots.
    Dans le style de l’improvisation, plus que de la ruse, une astuce qui m’est venue spontanément lors d’une suggestion qui n’est pas passée : Je montre à ma volontaire que j’ai un pistolet hypnotique pour la ré-induire en transe. Je lui tire dessus avec mes doigts en forme de pistolet…rien… »non ça marche pas… » me dit-elle… »Attends il a dû s’enrayer ! » Je fais comme si je le réarmais, à la façon d’un automatique, et je lui retire dessus… et là, les yeux grands ouverts elle me dit : « je me sens partir » et effectivement elle bascule en avant ! Comme quoi…

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    • On ne se refait pas! (A moins que… Après tout, tout le monde change tout le temps 😛 )

      J’aime toujours autant cet exemple Marco, dans les conseils on pourrait aussi rajouter : toujours rebondir et aller de l’avant. Si une suggestion n’est pas passé d’une façon, ça ne veut pas dire que le phénomène ne passera pas, juste que la formulation n’était pas adaptée à ce moment donné!

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  3. Vous faites référence à l’ARCHE. il y a sûrement qques compétences, mais il manque la bienveillance… Attention à la toute-puissance, qui s’attrape aussi vite que la grosse tête. 😉

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    • Je ne saisi pas le sens de ce commentaire. Est-il en rapport avec l’article, ou le blog de façon générale (je ne vois pas de référence à l’ARCHE dans cet article, bien qu’il s’agisse d’une école que je souhaite faire).
      Concernant la bienveillance, il s’agit à mes yeux de l’un des éléments essentiels durant une séance d’hypnose (qu’elle soit de rue, de spectacle ou thérapeutique), et de façon plus large, de toute relation humaine.
      Il ne s’agit pas ici de « toute puissance », à aucun moment nous ne prenons le « contrôle » de la personne en face de nous, plutôt du plaisir de partager un bon moment avec nos volontaires, en leur faisant apercevoir l’étendu de la créativité de leur inconscient et de leur imagination.

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