Un week-end hypnotique… (1/2)

Arrivée de Robin

Vendredi en fin d’après midi, Robin me rejoint sur Toulouse pour passer un week-end sur le thème de l’hypnose de rue. Il n’a jamais abordé d’inconnus dans la rue, c’est une grande première pour lui !

Première étape, un bar en centre ville place St Georges. Nous rejoignons Justin, un magicien-hypnotiseur dont je vous ai déjà parlé, accompagné de ses nouveaux amis du jour. C’est ainsi que nous faisons la connaissance de Caroline, Fabrice (que j’avais en réalité déjà hypnotisé lors d’une précédente rencontre) et Mehdi entre autres.
Un de leurs amis (futur) dentiste nous rejoint, et Robin et moi sentons là un très bon sujet. On s’est regardé et on s’est tout de suite fait cette même réflexion. Malheureusement, trop timide, stressé, il ne s’est pas laissé aller. On reste convaincu qu’il aurait été très suggestible dans un autre contexte ! De plus en plus on sent et repère les bons sujets à des kilomètres. C’est difficile quelques fois de mettre des mots sur ces ressentis, savoir exactement les gestes qui les trahissent, et aujourd’hui je peux dire que je me trompe assez rarement…

Caroline décide de jouer le jeu quelques minutes plus tard, après que Justin les ait tous impressionnés avec des tours de magie divers et variés. Elle s’avère plutôt réceptive malgré une carte de Calof qui échoue d’entrée. J’enchaîne plus lentement, et la magie opère. Elle se laisse aller, apprécie cette merveilleuse expérience, et on s’éclate bien avec le freeze-defreeze et l’incroyable mélange émotionnel de rire et tristesse en simultané. Cette dernière suggestion est vraiment drôle et je vous conseille fortement de l’essayer. Avec un premier ancrage, on place un fou-rire. Avec un second, une grande tristesse. Et au bout d’un moment, on active les deux simultanément. Effet garanti !

Nous nous rendons ensuite au Capitole (grande place Toulousaine, là où Hollande et Mélenchon ont fait leurs discours de campagne), avec l’espoir d’aborder quelques personnes volontaires pour tenter l’expérience. Mais avant cela, Mehdi, sur qui Justin s’était déjà entraîné plutôt dans la soirée, est volontaire pour approfondir l’expérience. Après quelques tests, je commence à comprendre pourquoi Justin a eu beaucoup de mal à l’hypnotiser plus loin qu’une simple catalepsie. Mehdi  a un système sensoriel à forte dominante kinesthésique, et contrairement à beaucoup d’entre nous très peu visuel.  Fort de ce constat, je laisse Robin prendre la main. Et c’est avec brio qu’il lui fait vivre des suggestions hilarantes. Il lui suggère qu’il a désormais une jambe trois fois plus longue que l’autre. Et Mehdi se mets alors à boiter ostensiblement. Juste après, il suggère qu’à chaque fois qu’il touchera son épaule, il ressentira un poids de plus en plus fort jusqu’à qu’il ne puisse plus y résister et s’affaisse inévitablement. C’était à mourir de rire 😉

Justin tente ensuite quelques approches accompagné de Robin pour qu’il découvre un peu les sensations de la rue, mais sans succès. Personne n’accepte et ils reviennent bredouille.

Finalement, Justin aborde trois jeunes filles en leur proposant cette fois-ci un tour de magie. Elles acceptent évidemment beaucoup plus facilement, sauf que l’expérience glisse lentement vers de l’hypnose et elles semblent vraiment apprécier. Justin coince un peu, s’emmêle les pinceaux dans les inductions, et semble perdre un peu confiance en lui. Nous discutons alors quelques minutes pour leur expliquer notre démarche autour de l’hypnose de rue, et elles acceptent alors toutes les trois de jouer le jeu de nouveau.

Je leur fais rapidement un ou deux test de réceptivité, et choisis la plus réceptive. Main collée, prénom et chiffre oubliés, pour finir par un bon réveil énergique. La manière dont elle décrit son expérience donne fatalement envie à ses deux amies (une coloc’ et sa jumelle) de tenter l’expérience. C’est alors que je commence avec la demoiselle au premier plan (photo ci-dessous), tandis que Justin regonflé à bloc hypnotise la seconde au deuxième plan.
Et ce fut un grand succès, toutes les deux vivront au moins une belle amnésie. C’est une victoire pour Justin qui débute et manque encore de confiance en lui pour l’hypnose, et nul doute que plus rien désormais ne l’arrêtera !

Pour Robin, ce premier soir était l’occasion de se familiariser avec l’hypnose de rue.

Un samedi sur le signe de la danse

Un temps maussade, nuageux, et un capitole bourré de monde. Des activités dansantes ont rempli la place de la mairie pendant une bonne partie de la journée. Des groupes de musiques, des cours de danses, des démonstrations de hip hop, des enterrements de vie de jeune fille…

Et de l’hypnose !

Nous nous sommes rendus dans un magasin de décoration, et avons acheté à la découpe deux jolies pancartes (1€) que nous avons ensuite baptisées Séance d’hypnose gratuite.

Arrivés au Capitole munis de notre nouvelle arme de destruction massive, nul doute que tous allaient nous tomber dessus et se porter volontaire. Ou pas.

Aborder dans la rue ne me fait absolument pas peur. Et là, sortir une pancarte devant 200 personnes les yeux rivés sur moi, m’a retourné l’estomac. Après dix bonnes minutes à tourner en rond à savoir qui allait enfin prendre son courage à deux mains pour sortir la pancarte, je me suis finalement lancé. J’ai pour habitude de dire, et croire, que tout effort pour sortir de sa zone de confort est toujours récompensé. Jusque là, cette règle ne m’a jamais fais faux bond, et ce n’est pas demain que cela va changer !
Deux personnes finissent par s’approcher pour tenter l’expérience. Après un cours pre-talk  je décide de réaliser les mains aimantées, puis une handshake induction que je transforme en induction presque instantanée. La seule différence avec l’originale, c’est que je n’attends pas que la main se rapproche du visage. Je la dirige directement sur le visage en disant « dors » tout en appuyant légèrement derrière la nuque de la personne pour créer un petit choc. Quand je dis léger, c’est avec un ou deux doigts et une légère pression. Pas besoin de démonter la nuque de la personne comme je peux le voir dans certaines vidéos Youtube…
Une personne au final très réceptive, et c’est avec regret que je dois le laisser partir faute de temps…

Robin de son côté se lance avec une personne curieuse qui s’était approchée, mais malheureusement sans succès. Elle n’était visiblement pas du tout réceptive.

J’ai ensuite abordé des dizaines de personnes, sans grand succès. L’ambiance, le bruit, et le contexte ne se prêtait visiblement pas à l’hypnose, et nous avions quelques réticences (pensées limitantes) à ressortir la pancarte.
En revanche, j’ai toujours prononcé le mot tabou hypnose pour me présenter, sans le déguiser derrière des jeux d’imagination. Et c’était vraisemblablement la cause de tous ces refus.

Un peu plus tard dans la soirée, Robin parvient enfin à aborder deux jeunes hommes, lorsqu’il se rends compte que l’un d’eux tient dans sa main un sac avec des paquets de cartes Bicycle tout neuf. Sous le prétexte de la magie, il ose les aborder et leur proposer de se faire hypnotiser. Malheureusement, ils sont très peu réceptifs. Je tente ma chance après lui, sans guère plus de résultats. On s’en tiendra à une ou deux « fausses » catalepsies.

En remerciement, ils nous font un beau petit tour de magie. De futurs magiciens-hypnotiseurs qui sait !

Une journée au final mitigée, mais qui aura au moins eu le mérite de permettre à Robin d’aborder ses premiers inconnus dans la rue.

Dimanche : le Robin renaît toujours de ses cendres

Plus motivés que jamais, nous nous rendons dans mon endroit fétiche : les bords de la Garonne.

Dans un premier temps, j’aborde quelques groupes de personnes avec mon nouveau tour de magie de cartes. Et lorsque je finis le tour, j’enchaîne sur la carte de Calof. Ce fut un énorme succès d’un point de vue magie, avec mes premiers pas dans la magie de rue. En revanche pour l’hypnose : échec, échec, échec. Dur pour le moral.

La révélation de la pancarte

Robin restant un peu en retrait, je décide de prendre les choses en main et je sors une des deux pancartes pour tâter un peu le terrain.

Tous les yeux sont rivés sur nous. Cette décharge d’adrénaline me gonfle à bloc et je me sens enfin dans mon milieu. je sens que la journée s’annonce passionnante. Quelques personnes volontaires s’approchent, et je leur montre quelques petits tests de réceptivités et on démarre tout doucement, avec simplement quelques catalepsies. L’endroit est trop exposé, et tous ces regards semblent gêner les quelques volontaires.

Du coup avec Robin on décide de s’écarter un peu. Et à un moment donné, Robin m’annonce qu’il se sent prêt à tenir la pancarte lui même. Il le dit sur le ton de la plaisanterie, et ni une ni deux, je le provoque carrément en lui disant qu’il n’en sera jamais capable. Et il aura suffit que la pancarte sorte de quelques centimètres du sac plastique pour réfréner toutes ses ardeurs. Il s’est senti mal, il a fait un énorme blocage. Et quelques secondes plus tard, c’est avec un grain de folie qu’il arrive finalement à vaincre sa peur. Et sa récompense pour être sorti de sa zone de confort porte le nom de Cassandre, accompagnée de deux amies. Elle semble très emballée pour tester l’hypnose, et cette fois, c’est Robin qui s’y colle.

Nos amis les somnambulistes

Cassandre fait partie des personnes que l’on appelle dans notre jargon des somnambulistes. Ils ont cette particularité que lorsque leur inconscient accepte une suggestion, ils la vivent pleinement (y compris les plus folles hallucinations). C’est une chance incroyable de pouvoir vivre pleinement ces expériences, là où tous les autres ont toujours cette petite voix dans la tête qui leur dit que quelque chose cloche et que ce qu’ils sont en train de vivre n’est pas réel. Je les envie, vraiment. A chaque fois que j’en hypnotise un (c’est l’équivalent d’une personne sur 10 environ), j’ai à coeur de lui faire vivre une expérience unique et inoubliable dont il pourra se souvenir toute sa vie.

Pour Robin, c’était un gain de confiance en soi inimaginable.  Après ça, il n’était clairement plus le même. J’ai ensuite hypnotisé les deux amies de Cassandre,  et d’autres volontaires ont suivi une bonne partie de la soirée.

Nous sommes rentrés épuisés, et heureux d’avoir pu partager une première vraie expérience de Street Hypnose ensemble 😉

Ne partez pas trop vite…

Le lendemain et dernier jour s’annonçait dès lors exceptionnel, et il le sera finalement encore plus que tout ce que nous avions pu imaginer.
Robin se joindra à moi pour vous raconter ce lundi mémorable. Des dizaines de volontaires se sont succédé pendant la journée. Et tout autour de nous, des spectateurs émerveillés, voire même décontenancés, en train de filmer et attendant leur tour impatiemment…

Jean-Emmanuel

Passionné d'hypnose depuis 2008, Jean-Emmanuel partage avec vous toutes ses expériences et son savoir faire afin de vous permettre d'apprendre l'hypnose dans les meilleures conditions possibles. Il est également auteur du livre "la voix de l'inconscient".

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9 réflexions au sujet de “Un week-end hypnotique… (1/2)”

  1. Excellent !

    Justin m’a raconté la soirée de vendredi, J’aurai aimé être là ! (encore)

    D’ailleurs je vais très certainement rendre visite à Justin bientôt j’espère pouvoir passer un moment à street hypnotiser ensemble 😉

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    • Vivement ! Préviens moi un peu à l’avance si tu peux 😉
      Justin progresse jour après jour. Une bonne séance d’hypnose de rue et tu reprendras peut-être le dessus ahah !

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      • Oui j’ai vu ça le week end dernier (on été à un mariage ou l’on faisait de la magie et de l’hypnose 😀 )

        Je viens le week end du 30 juin normalement 😉

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  2. ah je vous envie !! vivement que je sois à votre niveau. Bravo à Robin pour son courage. Comme on dit, c’est le premier pas qui coûte.
    Merci pour vos retours, ils sont très formateurs. Un seul regret, celui de ne pas habiter Toulouse !!

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    • C’est exactement ça ! Le premier pas est toujours le plus dur. Savoir sortir de sa zone de confort. Mais n’oubliez pas, on est toujours récompensé lorsque l’on sort de sa zone de confort !

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  3. Re-bonsoir,

    A un moment, tu parles de d’esprit « kinesthésique ». J’ai essaye de chercher un peu sur le net, mais j’avoue avoir du mal a percevoir comment on peut détecter les différences (Visuel, Auditif ou Kinesthésique, est-ce bien cela)?

    Pourrais-tu nous expliquer comment ce genre de signal t’arrive? Quel genre d’indice il faut guetter?

    Et par exemple, lorsque tu tombes sur quelqu’un de plus sensible au visuel, vas-tu privilégier les stimuli de mouvement, ou vas-tu continuer a saturer les 3 domaines?

    Merci, je suis effaré de ce savoir que tu as su exposer avec tant de détails… J’aimerais bien avoir suffisamment de gens pour pouvoir essayer, en étant certain que je ne risque pas de faire de mal. J’ai lu a propos de migraines, de mots de nuque, parfois d’angoisses… A part le moment important du « réveil », y’a t’il des choses a éviter ou a faire pour ne pas heurter?

    Pierrot.

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    • Juste j’aimerais approfondir sur ma dernière question. Hier soir je me suis endormi en pensant tout ce que j’ai deja pu lire et apprendre, et quelque chose me taraude intérieurement. Comment peut-on etre certain de ne pas « casser » quelque chose chez la personne que l’on guide? Par exemple, mettons qu’un hypnotiseur demande a un patient de le percevoir comme invisible, puis lui demande autre chose, annule ensuite la dernière programmation, mais oublie d’annuler la première. Au moment du « réveil », est-ce risqué pour le mental du guidé? Y’a t’il une phrase que l’on peut essayer de dire a chaque fin de séance au moment du réveil, qui « annule » quelque effet négatif? « Quelque chose comme:
      1 – Quand j’aurais atteint le chiffre 3 tu seras sorti de cet état dans lequel tu es, et tu seras a nouveau réveillé.
      2 – Apres ce réveil les seules traces que tu garderas seront des pensées positives, car tu contrôles les pensées et les sensations. 3 – Doucement maintenant réveille-toi.

      Des astuces pour s’assurer de ne pas laisser de maux?

      Merci,
      Pierre.

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      • Toutes nos suggestions ne durent pas dans le temps, et tu comprendras rapidement que le danger vient plus des risques « physiques » (chute lors d’une induction instantanée par exemple).

        En revanche, un bon réveil est indispensable. Encore une fois, pas dans un risque que les suggestions persistent, mais pour éviter tout désagrément physique (tête qui tourne, mal de tête, nausées, etc…).

        J’espère avoir répondu à tes interrogations.

        Répondre
    • Suite à une lecture de Bandler (créateur de la PNL) remettant lui même en cause l’utilisation du VAKOG, je m’en suis petit à petit détâché.

      Aujourd’hui, je fais varier les suggestions davantage entre « directes » et « indirectes » que visuel ou kinesthésique. Je le faisais parce que tout le monde le faisait, même si ça ne m’apportait pas grand chose.

      Ce qu’il faut éviter, ce sont toutes les suggestions à connotation thérapeutiques (régressions, souvenirs…). Il faut rester « en surface » et ne pas plonger dans d’éventuels traumatismes de la personne.

      Après, il est possible que la personne soit mal réveillée et victime de migraines. A vous de réaliser un réveil plus lent, plus propre, en donnant des suggestions positives, et la migraine disparaîtra aussitôt 😉

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