Le 25 janvier 2022, Aurore (ma femme) m’a accompagné pour une première sortie Street Hypnose de l’année très émotionnelle pour moi. Il s’agissait de la première post période COVID. Etant à risque, je n’étais pas ressorti dans la rue depuis. Quelques rencontres fort sympathiques, des discussions intéressantes, et finalement des séances d’hypnose assez timides pour moi. J’étais impressionné. Comme si c’était ma première fois.
Avant le COVID, j’étais tellement débordé par HUNKAAR que j’avais dû déléguer Street Hypnose à d’autres collègues. Tous mes week-ends étaient consacrés à la formation. Je ne pouvais plus sortir dans la rue faute de temps.
Et avant encore, les gilets jaunes m’avaient engendré quelques traumatismes qui m’avaient rendu réticent. Tout proche de notre QG, des centaines de personnes venues de nulle part courraient et criaient pour fuir les CRS alors qu’ils étaient poursuivis à vive allure et esquivaient tant bien que mal toutes les bombes lacrymogènes qu’on leur envoyait.
Les vraies victimes furent non pas les gilets jaunes, mais nous.
Mon fils de quelques mois était là, dans sa poussette. Mes stagiaires Street Hypnose aussi. J’ai détalé, poussette dans les mains. Un vrai rally, avec un bébé dedans. Nous avons malgré tout été touché aux yeux à cause du vent et la panique de la foule n’a rien arrangé à notre état de stress général. Le QG Street Hypnose Toulouse rempli d’amour s’était transformé en quelques secondes en scène de guerre avec de la fumée partout et des cris provenant de toutes les directions.
Et avant ça encore, j’avais éprouvé une vraie baisse de régime suite au reportage Envoyé Spécial intitulé « alerte hypnose de rue » qui m’avait fait froid dans le dos tellement la désinformation était massive, et l’attaque dans mon cœur destructrice. Je voulais distribuer naïvement du bonheur dans la rue, et je me suis retrouvé convoqué à la gendarmerie après dépôt de plainte de plusieurs organismes de médecins.
Fin 2021. Le COVID semble sous contrôle. Mes locaux sont vendus et mes charges ont bien diminué. Je sors difficilement la tête de l’eau. Financièrement, l’arrêt brutal de l’activité de mon entreprise Street Hypnose a été un coup dur : j’ai cru que j’allais devoir vendre ma maison. Toutefois, Street Hypnose est bien plus qu’une entreprise. Même si les finances vont mal, mon bonheur ne doit pas en pâtir pour autant.
Street Hypnose était presque mort à mes yeux.
Mais pas dans mon cœur.
En auto-hypnose, Namilélé m'a reboosté
Lors d’une séance d’autohypnose, j’ai été surpris de me voir en train d’hypnotiser dans la rue. J’ai ressenti une nostalgie immense. J’aurais aimé y être pour pouvoir le vivre vraiment. Souvent, je fonctionne ainsi. Je dois d’abord ressentir l’émotion avant de passer à l’acte.
Je dois vous faire une confidence.
Mes sorties dans la rue représentent la seule carte « sociabilisation » dont je dispose. Les seuls moments d’intimité partagés depuis début 2020 l’ont été avec mes stagiaires HUNKAAR et ma femme. C’est déjà énorme, mais il me manquait tout de même « les nouvelles rencontres » que j’aimais tant.
Paradoxalement, j’ai des tendances très solitaires. Par choix. J’aime être seul, et avoir des gens autour de moi me consomme une énergie folle et mes réserves sont limitées. J’ai la chance d’être marié à la femme la plus extraordinaire de tout l’univers intergalactique, mais être fusionnel pour l’éternité ne me satisferait pas pour autant. Les nouvelles rencontres sont essentielles à ma vie.
Street Hypnose a toujours été pour moi un lien unique avec le reste du monde. Depuis 2008, chaque rencontre fut exceptionnelle. Des inconnus de tout profil et de tous horizons. Nous sommes si différents et pourtant nous sommes l’espace d’un instant connectés par un amour universel qui nous unit. Mon envie sincère de les surprendre engendre de l’émerveillement et leur révèle la puissance insoupçonnée de leur imaginaire. Celles et ceux qui jouent le jeu sont conquis. Et ils me le rendent bien.
Il y a toujours aussi des sceptiques qui veulent vous prouver que vous avez tort et que l’hypnose n’existe pas. Au début, je pestais dans mon for intérieur afin qu’ils me laissent tranquille. Aujourd’hui, cela me fait juste sourire. Je leur laisse une chance malgré tout, parce que certains m’ont agréablement surpris, et puis je m’en vais lorsqu’ils me montrent clairement qu’ils feront tout pour saboter la séance. Sans mépris ni jugement. Ce n’était juste pas leur moment.
Quand même la police s'y met
Alors que l’on philosophait en refaisant le monde avec Romain, une voiture de police essaya de se frayer un chemin parmi tous les couples hypnotiseurs-hypnotisés. On entendit alors une voix joueuse sortir du haut parleur de la voiture : « au compte de trois vous allez dormir, un, deux et trois ». Notre QG est à deux pas du commissariat du centre ville. Ils nous côtoient depuis 2012 et nous adorent. Quand j’entends des street hypnotiseurs d’autres villes comme Annecy menacés de garde à vue pour avoir osé hypnotiser dans la rue, je tombe des nues. On a créé une atmosphère géniale, autant avec la police, qu’avec la mairie, qu’avec les toulousains.
Les policiers ouvrirent ensuite leurs fenêtres et s’excusèrent d’avoir « dérangé avec leur humour ». La bonne humeur remplit les cœurs. Ma foi en l’humanité est restaurée.
19 mars 2022 - la reprise officielle
En début de semaine, j’ai envoyé un message sur notre groupe WhatsApp « Street Hypnose Toulouse » afin de savoir s’il y avait des motivés pour me rejoindre le samedi 19 mars 2022 dans les rues de Toulouse. Je souhaitais une reprise en petit comité alors j’ai évité de poster sur le forum Street Hypnose et je m’en excuse platement. Ma timidité est coupable. Prochaine fois, je le ferai. N’hésitez pas à aller y faire un tour de temps en temps, le forum va redevenir beaucoup plus actif dans les mois à venir.
A ma grande surprise, nombreux sont les hypnotiseurs qui ont répondu présent. J’y ai même retrouvé avec émotion des anciens qui étaient déjà à mes côtés en 2012. Dix ans plus tard, la nostalgie leur a donné envie de revenir fouler le béton du centre-ville toulousain pour hypnotiser dans la rue.
Des nouveaux aussi étaient présents. Ils m’avaient demandé une version dédicacée de mon livre « La voix de l’inconscient » et je n’ai pu m’empêcher de leur offrir gracieusement. Comme au bon vieux temps.
Les pancartes à l’effigie de Street Hypnose étaient elles aussi nombreuses.
Je n’ai finalement réalisé qu’une seule séance en dehors des temps de discussion avec les uns et les autres. J’ai pris énormément de plaisir à discuter avec toute l’équipe Street Hypnose Toulouse. De vraies retrouvailles.
Mes deux volontaires du jour s’appelaient Madeleine et Alma. Deux jeunes filles qui se sont prêtées au jeu et ont souhaité être hypnotisées ensemble, en simultané. Dès les premières suggestions, je retrouvai le plaisir, non pas de l’hypnose, mais du jeu. Les mettre en confiance et en sécurité fut ma priorité. Avec de l’humour, je les ai connecté l’une à l’autre en les titillant sur leur capacité à imaginer des métaphores les plus loufoques possibles. Qui de Madeleine ou d’Alma imaginerait LA métaphore la plus créative afin de gagner la course des mains qui se rapprochent jusqu’à finir par se toucher. Après un départ tonitruant d’Alma, c’est finalement Madeleine qui en ressortit grande vainqueur.
Déjà en transe hypnotique toutes les deux, je réalisai quelques inductions instantanées afin de leur permettre un plus profond relâchement. Nous abordâmes ensuite la catalepsie avec sérénité. Alma eut finalement du mal à lâcher prise davantage et resta spectatrice de son amie incapable d’ouvrir les yeux ou de décoller ses pieds du sol.
Clou du spectacle, Madeleine finit par compter 11 doigts sur ses mains avec la plus grande surprise. Elle s’y reprit, encore et encore, et c’est au bout de la quatrième fois qu’enfin elle se souvint du chiffre 7 qu’elle avait elle-même choisi d’oublier.
Avant le réveil formel, Madeleine essaya de se reconnecter à la réalité d’elle-même. Son visage surpris d’être « toujours dans les vapes » la fit rire autant que sa copine. Le réveil est capital en Street Hypnose. Il permet, en plus de la sortie de transe hypnotique, de bombarder les personnes de suggestions positives.
C’est dans ce bouquet final que réside toute la beauté de Street Hypnose. Au moment du réveil, je leur demande d’imaginer leur nouvelle réalité et de l’investir complètement.
« Vous venez de découvrir grâce à la puissance de votre imaginaire que ce que vous définissiez comme la seule et l’unique réalité peut tout à fait être remise en question. Rendez-vous compte, le chiffre 7 avait complètement disparu pour Madeleine. »
« Imaginez comment vous souhaitez vous sentir en sortant de la transe hypnotique. En continuant à jouer avec votre imaginaire, vous avez le droit de remplir votre corps de tout ce que vous voulez. Du bonheur, de la joie, du calme, de la sérénité, peu importe c’est VOUS qui décidez de construire cette nouvelle réalité. Et ensuite, quand ce sera le bon moment, vous pourrez vous étirer et ouvrir les yeux pour goûter chaque nouvelle sensation. »
Le mot de la fin
Pour eux.
En ces temps difficiles où presque 15% des adultes sont victimes d’états dépressifs depuis l’arrivée du COVID dans nos vies, Street Hypnose me permettra de distribuer des moments bonheurs gratuitement dans la rue.
Avec HUNKAAR, mon autre projet, je souhaite donner aux gens des outils pour changer définitivement leur réalité. Il ne s’agit plus juste d’hypnose ludique, évidemment. Cela demande des efforts et beaucoup de patience.
Pour moi.
Street Hypnose est ma porte d’entrée vers une sociabilisation qui m’apportera l’équilibre.
HUNKAAR est une philosophie de vie bien particulière qui me permettra de chevaucher toutes les difficultés avec l’impression d’avoir déjà gagné la vie. Une légèreté naïve qui soigne toutes les blessures.
Salut, franchement merci de partager tout cela. Street Hypnose avec toi à Genève a été un tournant décisif dans ma manière d’oser pratiquer et j’imagine ne pas être le seul à avoir été marqué par ce que tu as su nous transmettre.
J’ai hâte à la fois d’un livre 2 et a la fois de venir au « QG » un nouvelle fois … juste une aprem pour distribuer avec toi et les tous autres !
Les beaux jours et la street va faire également son retour sur Dijon :°)
C’est super de savoir que tu accepté ce besoin de retourner vers la rue et les rencontres! Je comprends cette forme d’équilibre que tu recherches.
J’aime énormément ta description du réveil. Mélange Street Hypnose et de Hunkaar, pour encore plus de bienveillance.
Merci pour ce partage.
PS: Tu as raison Thomas Joubert… tu est loin d’être le seul 😉
Hello men.
Merci de partager ce regain d’énergie.
A très bientôr sur site et en stage.
Merci Jean-Emmanuel pour ce beau témoignage et ton énergie.
Précisons que Street-hypnose Toulouse ne s’est arrêtée que pendant le dur de la crise covid.
La reprise a eu lieu dès le mois de mai 2021 avec certes un peu moins d’assiduité, avec la 1ère formation de 2021 et ensuite jusqu’aux jours les plus froids de décembre.
Je ne parle que de moi dans l’article et je donne en plus mes raisons très personnelles.
Est-ce que ce n’est pas suffisamment clair selon toi ?
Très touché par ton message Jean-Emmanuel. Au plaisir de te revoir au cours d’un we. Si il pouvait y en avoir un sur Bordeaux, ce serait super. Une idée, serait-ce possible de nous manager pour la création d’un spectacle ?
Bien à toi,
Pierre
J’ai un collègue d’HUNKAAR qui devrait faire une formation Street Hypnose à Bordeaux mais je n’y serai pas.
Concernant la création d’un spectacle, je ne suis absolument pas calé sur le sujet malheureusement. Cela aurait été avec plaisir sinon.
Bonjour Pierre,
pour l’hypnose de spectacle je te conseil de regarder avec Xavier Clausse et la formation d’hypnoteam qui est très orienté spectacle justement.
J’ai fait la formation StreetHypnose et la formation d’Hypnoteam, elles sont complémentaire et montrent différent aspect de l’hypnose ludique.