En tant qu’hypnotiseur, hypnothérapeute et ancien informaticien, s’il y a bien une chose qui me caractérise, c’est ma curiosité. Bien souvent exacerbée, certains voient cela comme un atout et d’autres comme un inconvénient. Pour ma part, je vois cela de ces deux côtés à la fois, en fonction du cadre, et voici pourquoi.
La curiosité à la base de tout !
Dans mon ancienne vie (celle d’informaticien), cette curiosité était une véritable force et m’a permis de très rapidement évoluer professionnellement et personnellement. Elle m’a permis de développer des capacités d’autodidacte très rapidement, et de m’intéresser à tous les sujets. C’est donc très tôt que j’ai arrêté de me demander « Pourquoi les choses sont ? » et que je me suis concentré sur « Comment les choses sont ? ».
Comment fonctionne une machine, comment elle communique avec les autres, comment se fait-il que ça bug parfois, comment faire pour provoquer des bugs volontairement, comment y remédier, comment améliorer certains logiciels, etc., sont autant de questions auxquelles j’ai toujours trouvé une réponse. Une fois que l’on a compris la technique, il est intéressant de se demander ce qui se cache derrière. Au-delà des failles et de leurs exploitations, derrière chaque machine, derrière chaque logiciel, derrière chaque information, se cache un être humain.
Vous êtes-vous déjà demandé ce qui caractérise un être humain, ses comportements, ses réflexes, ses contrôles, etc. ?
Car si on y regarde d’un peu plus prêt, qu’est-ce qui différencie une machine d’un humain ? Les Hommes ont créé les machines à partir de ce qu’ils savent, ce qu’ils savent faire, en y mettant toute leur part d’erreurs, de biais, de croyances et d’aléatoire. Et c’est donc là qu’on en arrive à ce qui m’a sûrement le plus passionné pendant toutes ces années : pirater les cerveaux humains pour en extraire des informations auxquelles je n’aurais pas dû avoir accès. C’est ce qu’on appelle l’ingénierie sociale.
C’est quoi l’ingénierie sociale ?
Selon Wikipédia, il existe plusieurs définitions de ce terme. En tant qu’informaticien, la définition la plus parlante était « une pratique visant à obtenir par manipulation mentale une information confidentielle ». En termes d’hypnose (car c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui), celle-ci est plus parlante : « une pratique utilisant des techniques de manipulation psychologique afin d’aider ou nuire à autrui ».
Le but est donc d’utiliser des biais cognitifs, des croyances, la manipulation et plein d’autres techniques, pour arriver à accéder à une information qui, en théorie, n’est pas censée nous être accessible.
Attention cependant, lorsque l’on parle de manipulation, la plupart des gens y voient un côté péjoratif, négatif. Dans les faits, manipuler signifie simplement « agir sur l’autre », sans aucune connotation. N’oublions pas que tout l’intérêt de l’hypnose et spécifiquement de Street Hypnose, c’est d’avoir une éthique et déontologie irréprochable afin de respecter nos volontaires (et de se respecter par la même occasion). La bonne définition serait alors sûrement celle-ci :
Une pratique permettant d’agir sur l’autre afin qu’il puisse s’aider ou s’amuser.
Dans les faits, ça consiste en quoi ?
Dans les faits, le but est d’accompagner l’autre vers ses capacités et ressources encore inexploitées en passant par des chemins qui lui sont encore inconnus. Dans les exemples suivants, certains y verront peut-être du mensonge, de l’acting, et d’autres choses plus ou moins dérangeantes. Certes, chacun a droit à sa propre vision, et l’ingénierie sociale n’est pas une science, il faut savoir l’adapter à ce que l’on est, ses valeurs, ses croyances, etc. A vous de faire au mieux pour que tout soit encore plus génial dans le rapport hypnotique que vous créez avec votre volontaire.
Se faire passer pour celui qu’on veut être
Dans le rapport hypnotique, ce qui va jouer un rôle (parmi plein d’autres choses), c’est la position et la crédibilité que votre volontaire va vous donner. Lors d’une formation Street Hypnose par exemple, lors de la mise en pratique dans la rue, les stagiaires deviennent alors « les meilleurs hypnotiseurs de la région, de France, d’Europe. Que dis-je ? Du monde ! Bien meilleurs et bien plus éthiques que ces pseudo-mentalistes que l’on peut voir à la TV ou en spectacle » 😉
Paraître pour être, c’est ce qui va vous permettre d’accompagner votre volontaire bien au-delà de ce qui peut lui paraître possible.
L’acceptation par le pouvoir du Oui
C’est ce qu’on appelle communément le Yes-Set. Vous pourrez retrouver cette technique dans le livre La Voix de l’Inconscient de Jean-Emmanuel Combe, mais on retrouve cette technique dans de très nombreux milieux : marketing, politique, vente, mentalisme, etc.
Le but de la technique est simplement d’aboutir à l’acceptation d’une suggestion complexe (ou qui pourrait être consciemment refusée) par la mise en place d’une répétition d’acceptation de suggestions plus simples ou plus acceptables.
Plus votre volontaire accepte de vous suivre, plus il s’autorisera à aller loin dans ses propres capacités.
La pseudo-logique et autres biais de confirmation
Le cerveau humain n’aime pas les dissonances, c’est pour cela qu’il aime se créer certaines formes de logiques, même lorsqu’il n’y en a pas. Il vous sera donc plus simple d’obtenir un résultat à la suggestion suivante « Vos pieds sont collés au sol parce qu’ils sont lourds » plutôt que « Imaginez vos pieds collés au sol, de plus en plus, de plus en plus soudés, … ». Associé à un Yes-Set, un biais de confirmation est une manière efficace d’aboutir à l’acceptation de certains phénomènes désirés.
Voici un sophisme intéressant pour amplifier des phénomènes hypnotiques (après les tests de réceptivité) : « Vos mains se sont rapprochées toutes seules. Or c’est la première fois que vous vivez cette expérience. De plus elle a été très rapide. Donc vous êtes ultra-réceptif. Puisque vous êtes ultra-réceptif, cela signifie que vous avez des capacités mentales et hypnotiques incroyables, donc vous êtes capables de vivre une hallucination tout aussi rapidement. ».
Une suggestion passée sous le couvert d’une pseudo-logique est une suggestion qui est tout aussi directe pour l’inconscient qu’elle permet de passer le facteur critique sans résistance.
La flatterie comme carburant du moteur ludique
Quoi de plus motivant que des encouragements ? Quoi de plus gratifiant que des félicitations ? N’oubliez jamais qu’il est fort probable que votre volontaire n’ait jamais fait de séances d’hypnose. Pour cela, il ne sait pas à quoi s’attendre, mise à part ce que vous aurez indiqué lors de votre prétalk.
De ce fait, à tout moment, s’il y a résistance, même avec aucun résultat, le fait d’encourager votre volontaire, de le féliciter et de lui faire sentir votre fierté quant à ses capacités, va naturellement l’entraîner à se dépasser, à aller chercher d’autres ressources pour encore faire mieux car vous lui ferez comprendre qu’il a cette capacité en lui.
Devenez alors un véritable acteur : « Mais c’est incroyable, tu imaginais pouvoir créer des mouvements dans tes mains juste avec ton imaginaire ? Il y a 5 minutes, tu pensais avoir cette incroyable capacité en toi ? C’est extraordinaire ce que tu arrives à faire, tu es incroyable, continue comme ça, c’est génial ! ».
La fierté est un pilier de la structure mentale de l’être humain, elle peut permettre le développement de capacités insoupçonnées.
Questionner les modes de fonctionnement
Imaginez le tableau de bord d’un avion immense, des centaines de boutons, de manettes, de leviers… Aucune instruction, aucun post-it, aucune indication, aucun mode d’emploi… Comment faites-vous pour faire décoller cet avion ?
Si l’avion est doté d’une conscience, vous pouvez toujours le questionner sur sa perception de ce qui est, sur l’utilité d’activer tel ou tel levier, lui demander de vous montrer l’effet de la combinaison de la modification de plusieurs phénomènes qui pourraient sembler à priori anodins. Petit à petit, et à force d’échanges et de création de confiance, il finira par se dévoiler à vous.
Sinon, vous pouvez toujours tester, appuyer de manière aléatoire, définir des schémas d’activation des processus, voir comment il se comporte à chaque stimulus, dégager des modèles de fonctionnement par reverse engineering (méthode consistant à partir du fonctionnement d’une chose pour en deviner son développement logiciel et physique initial).
Dans tous les cas, comprendre ces modes de fonctionnement à un niveau supérieur, vous permettra d’aller plus loin, d’anticiper les réactions et résistances pour gagner en temps et en capacité.
Tout ça pour quoi ?
Tous ces éléments ne sont que des outils complémentaires à vos techniques et à ce que vous êtes déjà : le meilleur hypnotiseur 😉
Le but n’est pas de mentir ou de faire miroiter des choses fausses à votre volontaire, mais bel et bien d’utiliser ses propres biais mentaux pour l’aider à se surpasser, à aller plus loin dans cette magnifique expérience qu’est l’hypnose.
Si vous avez eu le courage de lire tout ça jusqu’ici, alors vous avez compris de quoi il en retourne : cette technique est une façon redoutable de contourner les résistances, et même encore mieux, d’anticiper toute résistance afin de ne pas s’y confronter. N’oublions pas qu’avant les techniques, l’hypnose est un rapport créé entre deux êtres humains et que ce rapport dépend totalement de qui sont vraiment les personnes en jeu.
Ce rapport peut donc être modifié à tout moment en changeant l’état d’être de l’hypnotiseur, ou tout du moins en faisant « comme si ». Le rapport changeant, c’est alors les croyances, la complicité, la confiance, et ainsi, la réceptivité du volontaire qui va changer.
A quoi ça sert au final ?
Si vous avez fait votre formation initiale Street Hypnose, vous savez donc ce que sont les sous-modalités. Le but est de modifier les perceptions sensorielles d’une chose abstraite afin d’en sentir les changements concrets.
Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il vous serait possible de faire en modifiant les sous-modalité de votre personnalité pour l’adapter à celle de votre volontaire ? Un peu comme une clé qui pourrait changer de forme pour s’adapter à chaque serrure pour tout ouvrir sans aucune résistance.
S’adapter ! C’est le maître mot ici. S’adapter pour permettre à son volontaire d’aller plus loin. Mais on n’adapte pas seulement ses techniques, on s’adapte soi-même, son être.
Si ce nouveau concept a su éveiller une certaine curiosité chez vous, sachez qu’il ne tient qu’à vous d’en découvrir toutes ses subtilités sur notre forum Street Hypnose :
- Améliorer le rapport hypnotique en s’adaptant
- Comprendre et maîtriser la transe de son volontaire
- De nouveaux contournements de résistances basés sur les modes de fonctionnement de la psyché humaine plutôt que sur des techniques
Et tout ça n’est qu’une infime partie de vos capacités inconscientes 😉