Quand le soleil rayonne, que la température avoisine les 25° à l’ombre, il fait bon sortir prendre l’air, s’oxygéner, et bien sûr hypnotiser ! Rendez-vous était pris avec un ami. Premier objectif : prendre le soleil. Deuxième objectif : hypnotiser. Troisième Objectif : filmer. On s’est arrêté au second, malheureusement.
Je suis hypnotiseur, même pas peur !
Armé de ma nouvelle carte de visites (en 250 exemplaires, s’il vous plait), je décide d’aborder les gens en leur expliquant directement et sincèrement ma démarche. Je suis hypnotiseur. Difficile à assumer devant des décennies de bourrage de crâne médiatique. A peine le mot tabou prononcé, on assistait à un enchaînement de têtes baissées faisant ostensiblement le geste non merci de la tête, sans mentionner les regards fuyants, voire gênés. Je suis effrayant. Et c’est vraiment troublant quand j’y repense. Quand on est habitué à aborder des inconnus dans la rue, en prétextant quelques exercices d’imagination, que l’on est habitué à ne voir qu’émerveillement et sourires, et que l’on se retrouve soudainement face à des murs de préjugés comme si vous étiez la mort avec son énorme faux en personne, il est difficile de continuer sans être atteint moralement. Je suis tellement persuadé du bien fondé de ma démarche, de tout le côté positif que je peux leur apporter, que ce contraste est limite blessant. En tout cas vexant.
Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver de printemps…
Vous connaissez la chanson. Je l’ai eu en tête toute l’après-midi. C’est devenu un jeu entre nous. A chaque fois que l’on se faisait rejeter, on s’encourageait de cette douce mélodie. Personne ne semblait disposer à vouloir se faire hypnotiser. SAUF ! Deux personnes, deux femmes. Après m’être présenté, l’une d’elle m’a répondu Vous vous adressez à deux convaincues là. YEEEEEEEEEEEEEEEEES ! Deux personnes ouvertes d’esprit !
Ou pas. La deuxième s’empressant de rajouter Heuuu, moi non, je n’y crois pas. Enfin, j’veux dire, je suis sceptique. Sceptique, mais volontaire.
Elles refusent cependant d’être hypnotisées (c’était trop beau pour être vrai !), mais acceptent malgré tout de s’essayer à quelques exercices d’imagination. Pour moi, l’un comme l’autre, ça revient au même. Doigts puis mains aimantés, suivi des livres et ballons. Tout semble fonctionné, sauf qu’elles sont plus que méfiantes, et refusent de fermer les yeux. Je me décide à tester la carte collée.
Sur la première, ce fut un échec. Avant même que je finisse le décompte 1 – 2 – 3, elle avait déjà écarté ses doigts. Comme si elle avait peur qu’à 3 ils se collent réellement. Je ne me démonte pas, et j’enchaîne sur la deuxième. Le test fonctionne, et le ton de sa voix change. Commence alors une conversation autour de la manipulation par la suggestion, et tout ce que l’hypnose peut inspirer comme peur. J’essaie au maximum de démystifier, de prouver que l’hypnose en soit n’est clairement pas la manière la plus simple, ni la plus discrète, de manipuler quelqu’un. Mais rien n’y fait, l’expérience s’arrêtera là.
Mesdemoiselles, si vous passez par là, et que le site vous plait, n’hésitez pas à me recontacter !
Ce que moi je vois, et ce que les autres ne voient pas
Fort de mes vents accumulés, je passe à la seconde méthode. J’enlève le mot hypnose de mon vocabulaire, pour le remplacer par quelques exercices d’imagination. J’aborde un groupe de trois jeunes filles qui acceptent instantanément, et avec le sourire. Ca réchauffe un peu mon petit coeur fragile. Ni une ni deux, doigts aimantés, mains aimantées, et carte collée sur les trois filles en simultanées. Trois succès !
Cependant, il est important pour moi de repérer rapidement laquelle des trois réponds le mieux à mes suggestions avant d’aller plus loin. Cette démarche se fait maintenant presque automatiquement, de manière inconsciente, et il est difficile pour moi de mettre des mots précis dessus. Je vais quand même essayer en me repassant la scène dans ma tête.
Fille numéro 1 :
- Bouge souvent, change de position, semble distraite
- Ouvre les yeux régulièrement pour observer ce qui se passe autour d’elle
- Les mains bougent trop vites. Les mouvements ne sont pas que inconscients. Plutôt que de simples à-coups, les mains se sont mises à bouger de manière très fluides. Elle a donc aidé l’inconscient.
- Elle n’a pas pris la grande respiration que j’ai suggérée lorsque les mains se touchent.
- Elle a laissé tombé son bras avec la carte avant même que je ne suggère que les doigts se décollent.
Même si ses doigts étaient bien collés sur la carte pendant le test, ce n’est clairement pas mon choix de prédilection.
Fille numéro 2, dont j’ai oublié le prénom (qui me reviendra peut-être plus tard !) :
- Ecoute et réponds à toutes les suggestions.
- Plutôt extravertie.
- Souriante, elle rigole ouvertement et semble adorer les sensations nouvelles qu’elle découvre.
- Lorsque je leur propose de continuer l’expérience, c’est la première à répondre Oui oui ! avec beaucoup d’entrain.
C’est la candidate parfaite. Elle peut en quelque sorte montrer l’exemple aux autres et leur donner envie de vivre la même expérience, tant le rire est communicateur !
Fille numéro 3, alias Carole :
- Ecoute et réponds à toutes les suggestions.
- Semble un peu passive, introvertie, voire même un peu gênée de ce qui lui arrive.
- Ouvre les yeux lorsque les mains se touchent, avec un effet de surprise flagrant.
- Les doigts sont bien collés sur la carte, et elle semble définitivement troublée.
C’est la personne qui selon mes critères réponds le mieux à mes suggestions. Par contre, elle semble gênée et troublée. Sachant qu’elle est observée par ses deux amies, je préfère ne pas la mettre mal à l’aise et continuer d’abord avec la fille numéro 2.
Et moi, et moi, je peux participer ?
Ma première candidate se retrouve rapidement avec le bras aussi dur et raide qu’une barre de fer, impossible à plier. Et lorsque je m’apprête à lui coller la main sur la tête, un inconnu arrive et s’empresse d’un délicat Oooooh ça a l’air trop bien ce que vous faites, je peux participer ???
Le genre de surprise pas souvent facile à gérer. Je lui ai gentiment demandé d’attendre son tour, en sachant très bien qu’il ne partirait pas de lui même et que je me devais donc de lui faire vivre l’expérience… Mais plus tard !
Notre ravissante jeune demoiselle se retrouve donc la main collée sur la tête, et très vite son prénom enfermé dans sa petite main. Après une quinzaine de secondes, le prénom lui revient, avant que je ne le fasse repartir de nouveau en un claquement de doigt. Malheureusement, je n’ai pas pu aller plus loin, l’effet de groupe devenant trop fort, tant ils étaient tous impressionnés, il m’était difficile d’enchaîner sur des effets plus complexes ou même d’induire l’état de relaxation.
L’intrus aussi ne m’aidait pas. Il surenchérissait, riait, se mettait en avant, et empêchait mes trois volontaires de vivre sereinement l’expérience. C’est le genre de personnes qui n’a peur de rien, honte de rien, et qu’il est difficile de contenir.
Je réalise exactement les même effets sur Carole, qui comme je m’en doutais réponds encore mieux à ces suggestions.
Tu peux, tu peux… Mais vite !
Avant de les abandonner, je me devais de soulager l’attente de notre intrus. Je lui ai fais les mains aimantées, et après quelques secondes ces mains ont presque claqué l’une contre l’autre. Soit son inconscient possède des pouvoirs que les autres n’ont pas, soit il m’a un peu aidé. Ce n’était absolument pas intéressant pour moi de continuer. Je lui ai fais le test de la carte, à sa demande, et à mon grand étonnement (ironie…), il a pu la lâcher.
Le mot de la fin, pour Julien
Nous nous sommes ensuite posés sur l’herbe avec mon ami, au bord de la Garonne, pour discuter. Débattre, de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique), de mes projets à venir pour ce blog (tout plein de surprises à venir prochainement ;)), de ses projets à lui, de son blog. Et d’hypnose. Il fallait que je tente l’hypnose sur lui. Et même s’il était persuadé que ça ne marcherait pas sur lui, nous sommes finalement arrivés à lui coller la main sur l’herbe, l’espace d’une bonne trentaine de secondes, avant qu’il reprenne le dessus sur son inconscient et puisse la soulever.
C’était une bonne expérience pour tous les deux. Lui pour se rendre compte qu’en effet, il n’y a pas de réelle prise de contrôle de la part de l’hypnotiseur. Moi, pour avoir réussi à démystifier l’hypnose à ses yeux au point qu’il se laisse aller et vive une expérience enrichissante.
Le mot de la fin, par Julien
Tu te rends compte que tu vouvoies toutes les personnes que tu abordes, même les trois jeunes filles que tu viens d’hypnotiser ?
C’est peut-être rien pour vous, mais pour moi, c’est une marque de respect. Je tiens à garder mes distances avec les personnes que j’aborde. Ne pas rentrer dans leur bulle proxémique.
J’espère que vous avez tous passé un excellent week-end, et je vous dis à très vite !
C’est clair que le vouvoiement me fait très bizarre, tu penses pas que ça aiderait, justement ? Ça fait plus « on est potes » que « j’essaye de te vendre quelque chose ».
On se refait ça quand tu veux. La prochaine fois, on arrivera à avoir une vidéo !
Au contraire, le vouvoiement fait plus « pro », et n’oriente pas forcément la démarche vers quelque chose de commercial (d’ailleurs, la plupart des vendeurs à la sauvette qui se baladent dans les grandes villes te disent plutot « Hé mademoiselle, ca t’intéresse une montre? Approche, j’te fais un prix! ».
Je trouve que c’est déjà assez délicat d’aborder des gens dans la rue, qui à la base, ne connaissent rien à l’hypnose et n’avaient pas prévu d’être « dérangées ».
Les vouvoyer (surtout quand c’est un homme, qui aborde une fille), en plus d’être une marque de respect, induit une certaine distance qui est nécessaire pour que les personnes ait un minimum confiance, non seulement pour se laisser aller, encore plus pour etre filmées.
A partir du moment ou c’est quand même un service quelque part que les gens lui rendent, même si au final l’expérience est aussi enrichissante pour eux, je trouve que le vouvoiement est de rigueur. Justement, ils ne « sont pas potes », et il ne s’agit pas de les inviter à boire une bière 😉
Je pense comme toi, mot pour mot !
Je t’ai déjà répondu, et je pense comme Marine ci-dessous !
On remets ça quand tu veux, mon pote ! 😛
Je suis très impressionné par ces connaissances de l’hypnose que vous possédez et je penses que ce mot n’est pas si péjoratif. Il a une connotation de remède. Donc aborder des gens en pleine rue pour leur faire une démonstration est tout a fait louable mais cela suggère aussi qu’ils sont malade (j’insiste sur le mot suggère). En tout cas chapeau cela du être sympa!!! Bonne continuation a toi.
Je n’avais jamais vraiment pensé à cet aspect là. Je ne crois pas que l’hypnose soit vraiment associée à « thérapie » en France. De mon expérience, de ce que les gens me disent, l’hypnose est plus associée à la manipulation, au contrôle de l’esprit, etc…
Toujours un plaisir de lire ces résumés… j’ai une fois de plus loupé une bonne après-midi hypnose (et quelques vents aussi)
J’aime bien la partie où tu nous expliques comment tu choisis la personne que tu penses être la plus réceptive à tes suggestions (ou la moins gênée par ce qui va suivre), car même si c’est devenu automatique et presque naturel pour toi à mesure de ton expérience, essayer d’y mettre des mots nous permet de savoir quoi rechercher de notre côté.
J’ai hâte d’être un peu plus disponible pour le vivre en live 🙂
J’essaierais toujours de vulgariser un maximum ce que je fais, c’est vraiment le but 😀
On aura l’occasion de s’en refaire des petites sorties hypnose, ne t’inquiète pas !
Bonjour Jean Emmanuel, Utilises tu le C/I/Q pour pénétrer un set?
(methode de jacquin inspirée de jeffries (PUA)).
Ton blog est des plus interressant. Tu es un bon « vulgarisateur ».
Au plaisir d’arpenter les rues toulousaines avec toi un jour lors d’un de mes déplacements là bas.
La première tournée est pour moi.
Une belle journée à toi.
C/I/Q, PUA, désolé mais tu me parles Chinois. J’adore tout ce que fait Jacquin, mais cela fait très longtemps maintenant que je m’en suis détaché, donc j’avoue que tu m’as perdu dans le vocabulaire là 😉
Je serais ravi que tu « vulgarises » un peu ton commentaire, au moins pour moi 😛
A bientôt dans les rues de notre belle ville rose !
Bonjour Jean Emmanuel,
le CIQ c’est compliment introduction question. Une des recette pour aborder les gens dans la rue ou les bars.
PUA ce sont les pick up artists, des personnes qui ont fait de la drague une science avec des protocoles.
Je te parle du CIQ car j’avais l’impression en lisant ton excellent retour d’info que tu avais quelques soucis avec » l’approche » (oui je sais j’aime bien mettre des guillemets) d’un groupe. Et je peux completement me tromper, si tel est le cas excuse moi par avance.
Sinon bravo pour ton implication.
Belle journée à toi et à tes lecteurs
Bonjour Julien,
Je comprends mieux !
J’utilise la technique CIQ régulièrement. Mais quand on parle d’hypnose, technique ou pas technique, l’approche reste « compliquée » 😉
Bonne journée à toi aussi, et merci pour l’explication !
C’est ce que j’aime bien avec l’approche d’Anthony Jacquin, il passe par toutes les étapes avant d’en arriver à l’hypnose proprement dite, en incluant les différentes façons d’aborder un groupe.
Malheureusement, une des techniques qu’il propose est difficile à transposer en français puisqu’il s’agit de se présenter comme « I’m a performer », quasiment impossible à traduire sans modification/perte de sens !
Ceci dit, nous en sommes pas forcément les plus à plaindre, il paraît qu’il n’y a pas de mot pour dire correctement « mind » en Allemand….. 😛
« I am a performer » = « Je suis un artiste » ? 😀
Plus sérieusement, je pense que le plus important est l’état d’esprit, davantage que les mots !