La technique est un leurre

Comme tout être humain qui souhaite découvrir et apprendre de nouvelles choses, vous avez d’abord besoin de repères. Et c’est ce cadre d’apprentissage que j’ai souhaité vous offrir avec la voix de l’inconscient.

Que vous soyez un parfait débutant souhaitant devenir hypnotiseur, ou un hypnothérapeute / médecin cherchant à utiliser des techniques d’inductions plus rapides voire instantanées, vous êtes victimes de vos propres pensées limitantes.

Le débutant est persuadé que connaître les bonnes techniques lui ouvrira en grand les portes de l’hypnose, là où l’hypnothérapeute déjà formé à l’hypnose Ericksonienne verra l’hypnose Classique (utilisée notamment en spectacle) comme l’art complexe d’amener rapidement les personnes en transe profonde. Dans les deux cas, les inductions instantanées laissent toujours dubitatives et perplexes.

Non, l’hypnose rapide ou instantanée n’est pas qu’un enchaînement de techniques ultra-compliquées.

Comparaison avec l’auto-école

Vous êtes désormais un moniteur d’auto-école, et votre objectif est d’apprendre à vos élèves à conduire. Plus vous allez devenir bon, et plus vos élèves apprendront vite. Et si par chance vous tombez sur un élève qui possède des prédispositions, son apprentissage se fera avec encore plus d’aisance. C’est la combinaison des deux (bon moniteur et bon élève) qui permet à certaines techniques d’hypnose de paraître aussi spectaculaires. Un bon hypnotiseur avec un volontaire très réceptif peut facilement laisser planer le doute sur l’authenticité de la séance tant la rapidité d’exécution peut impressionner.

Ce qui est intéressant également, ce sont les exceptions. Un mauvais moniteur, s’il tombe sur un excellent élève, voire même un surdoué de la conduite, pourra faire passer le permis à son poulain du premier coup avec succès en ayant fait le strict minimum. C’est là que des hypnotiseurs débutants, qui trouvent d’excellents sujets, peuvent donner l’impression de réaliser des prouesses. Alors qu’en réalité, c’est le volontaire qui a tout fait, pas l’apprenti-hypnotiseur. Le volontaire peut en plus, si l’hypnotiseur ne démystifie pas suffisamment, attribuer ce pouvoir à l’hypnotiseur pour la simple et bonne raison qu’il ne savait pas que toutes ces ressources sommeillaient en lui. Mais ce serait une (grave) erreur.

Un bon moniteur d’auto-école sera celui qui obtiendra le plus grand ratio de réussites au permis sur un panel d’élèves très large. Et de la même manière, le bon hypnotiseur de rue sera celui qui obtiendra des phénomènes hypnotiques complexes (attestant d’une hypnose dite « profonde ») sur un panel de volontaires très large. Parce qu’être hypnotisé s’apprend, un bon hypnotiseur sera capable d’utiliser les bonnes techniques au bon moment pour permettre à son volontaire de mieux comprendre ce qu’il attend de lui.

Le bon hypnotiseur, c’est aussi celui qui sera capable de s’adapter aux attentes et aux croyances de son volontaire.

Le paradoxe de l’hypnose

Si je vous disais d’entrée de jeu : « apprendre toutes les techniques de mon livre ne vous servira à rien, parce que vous allez petit à petit vous en écarter pour forger votre propre style qui vous correspondra mieux et vous permettra d’être plus efficace dans votre approche de la communication avec autrui », je pense que ce serait prématuré pour beaucoup d’entre-vous qui me lisaient avec curiosité.

« Qu’est ce qu’il me raconte lui ? Je veux juste hypnotiser, je m’en fou d’apprendre à communiquer ! »

Hypnotiser quelqu’un, c’est le guider par des gestes et des mots. Cela revient à communiquer, comme on a l’habitude de le faire, mais avec un objectif différent. Dans la vie de tous les jours, on communique pour partager ou recueillir une information, tout comme on communique pour argumenter, convaincre ou séduire. Et certains sont meilleurs que d’autres dans tous ces domaines !

De façon identique, on peut apprendre à communiquer pour emmener profondément en transe. Mais il n’y a pas UNE technique. Il y a mille techniques ! Et peut-être même autant de techniques que de volontaires. Vous limiter à quelques unes d’entres elles limitera fatalement votre réussite. Plus vous réussirez à vous adapter, à varier les techniques en fonction de vos volontaires, et plus vous réussirez à transformer des échecs en réussites.

Et l’hypnose de rue dans tout ça ?

L’avis qui suit est personnel et ne concerne que moi. A aucun moment je n’oserai prétendre que je suis dans le vrai, ou dans le meilleur. C’est ma perspective d’évolution, et je vous la communique pour vous pousser à réfléchir également et vous poser des questions. Ne prenez pas tout ce que je dis pour argent comptant.

Un Street-Hypnotiseur qui se limite à l’hypnose Ericksonienne n’a rien compris !
Un Street-Hypnotiseur qui se limite à l’hypnose Classique n’a rien compris !
Un Street-Hypnotiseur qui se limite aux deux techniques précédentes n’a rien compris non plus !

C’est en s’adaptant à chaque volontaire, en utilisant à bon escient une palette d’outils qui se veut la plus large possible, que vous serez capable d’emmener N’IMPORTE QUI en transe profonde. Et c’est ce qui fera de vous un Street-Hypnotiseur.

L’anecdote d’Erickson

Il est fort dommage que l’hypnose Ericksonienne en France se limite principalement au « nouveau courant » hérité d’Erickson, et se détache du personnage en lui même qui utilisait aussi bien ses propres techniques que celles utilisées en spectacle. Il pouvait être autoritaire avec un patient, et indirect voire presque absent avec un autre. L’important, c’était le résultat.

Il raconte dans un des ouvrages qui lui est consacré (et si vous pouviez m’aider à retrouver lequel, j’apprécierais grandement !) que certains patients ont vraiment besoin d’aller en transe profonde afin de pouvoir résoudre leur problème. Et s’il était capable quelques fois d’emmener des personnes en transe profonde en moins d’une minute (grâce notamment aux techniques inspirées de l’hypnose Classique), il était tout aussi capable de s’adapter, persister, et atteindre l’objectif au bout de très longues heures de travail en collaboration avec le patient. Et il raconte au détour d’une anecdote comment il a réussit à emmener un patient en transe profonde au bout de 300 heures. 

Ce que cela veut dire, c’est que même Erickson ne se limitait pas à ce que l’on appelle aujourd’hui l’hypnose Ericksonienne.

L’hypnose des phénomènes hypnotiques

Je ne me revendique absolument pas comme pratiquant de l’hypnose Classique. Pas plus que je ne le ferai pour l’hypnose Ericksonienne. Et pourtant, j’utilise des techniques tirées de ces deux écoles. Parce que mes résultats seraient bien moindres si je me limitais à l’une ou à l’autre.

Dans le livre la voix de l’inconscient, j’oriente fortement les techniques vers l’hypnose Classique. Parce que c’est la première étape obligatoire et nécessaire selon moi dans votre croisade pour l’apprentissage de l’hypnose. Mais ce n’est que la première étape. Lisez ensuite sur l’hypnose Ericksonienne, intéressez-vous à ce qui se fait ailleurs, et prenez tout ce qui vous inspire et vous donne l’opportunité de progresser.

Techniquement, et humainement.

Jean-Emmanuel

Passionné d'hypnose depuis 2008, Jean-Emmanuel partage avec vous toutes ses expériences et son savoir faire afin de vous permettre d'apprendre l'hypnose dans les meilleures conditions possibles. Il est également auteur du livre "la voix de l'inconscient".

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14 réflexions au sujet de “La technique est un leurre”

  1. Bonjour Jean-Emmanuel,
    Merci pour cet article, il est très parlant je trouve.
    Je suis encore débutant, j’arrive assez souvent à induire les gens mais lorsque certaines personnes ne sont pas receptives au premiers essais je me sens rapidement démuni.
    La progression vient ave la pratique j’imagine mais aurais tu des petits conseils?
    Enfin, une question assez simple, quelles sont les caractéristiques de l’hypnose classique et ericksonienne? Et leurs différences?
    Merci beaucoup, tes articles sont de grande qualité.

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    • Bonjour Piemouss,
      Je vais essayé de répondre simplement à tes questions (mais le sujet est vaste et je ne suis pas un expert).

      L’hypnose classique est celle qui a donné l’hypnose de spectacle (mais elle peut aussi être utilisée en thérapie). L’hypnotiseur utilise un ton très direct. Cela donne un effet très spectaculaire, mais uniquement sur des sujets un minimum receptifs à la base.

      Erickson a plus tard développé des techniques qui sont plus indirectes. Cela parait moins spectaculaire mais permet de contourner des barrières posées par les sujets un peu moins receptifs.

      Je le répète cette explication est trèèèèès simplifiée.

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  2. « Non, l’hypnose rapide ou instantanée n’est pas qu’un enchaînement de techniques ultra-compliquées. »

    Il l’a dit, il l’a écrit, je suis parfaitement d’accord.

    Amen.

    JE <3 😀

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  3. La technique, il faut en connaitre un maximum, dans tous les types d’hypnose, la posséder à fond pour pouvoir mieux l’oublier quand on pratique.
    Bravo pour « La voix de l’inconscient ».

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  4. bon article résumant bien l’ approche utilisationnelle, qu’au passage erickson maitrisait à la perfection 🙂

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  5. Bonjour à tous,

    Très bel article Jean-Emmanuel.
    Je suis d’accord avec ce que tu écris et cela m’a une fois de plus appris des choses.

    Je voulais simplement faire le parallèle avec l’hypnothérapie et la thérapie en général.

    Je ne connais pas (encore) grand chose dans ces domaines mais voilà une idée qui me suis depuis un petit moment.

    Les gens se demandent souvent vers quelle technique de thérapie ils doivent se tourner : PNL, hypnose ericksonienne, psychotérapie, psychomagie de Jodorowsky…

    Je pense que le choix du thérapeute est plus important que la technique utilisée.
    Ainsi si on voit Richard Bandler appliquer la PNL (il en est l’un des « inventeurs »), cela va paraitre la meilleure « technique » (car il la maitrise).
    De même si c’est Erickson pour l’hypnose Ericksonienne (ou autre practicien qui maitrise son domaine) etc.

    Et un bon thérapeute agit différemment avec différents ses patients, en s’adaptant. Une technique n’est jamais figée.

    Pour en revenir à l’hypnose de rue, comme tu le dis dans l’article, je pense qu’il ne faut pas se limiter à une technique (classique, ericksonnienne…) et savoir s’adapter (en fonction de sa propre personnalité en tant qu’hypnotiseur et de celle de notre sujet).

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  6. Bonsoir Jean-Emmanuel,

    Je lis ton blog depuis quelques mois déjà et certaines choses me dérangent…
    Je suis entièrement d’accord avec toi: il faut varier ses techniques, ses approches et piocher dans toutes les « écoles ». Cependant, je ne vois pas ce que ton approche possède d’Ericksonien (au sens actuel du terme j’entends)… Dire « cette main » au lieu de « ta main » ne suffit pas pour déclarer qu’on pioche dans l’Ericksonien…
    Merci de m’éclairer,

    Bonne soirée.

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    • Tu ne vois de mon approche que ce que je souhaite diffuser et rendre publique. Cela réduit déjà très (très ?) fortement ton objectivité. Il faudrait venir me voir sur Toulouse pour t’en rendre compte.

      Rapidement, des techniques que je juge « Ericksonienne » et que j’utilise tout le temps :

      • Les sous-modalités
      • La communication avec l’inconscient (signaling, rêveries, etc.)
      • Les métaphores indirectes
      • Les recadrages
      • Futurisation
      • Le milton-model plus généralement… (Ce qui me vient à l’esprit : le fait d’être très permissif, le saupoudrage, les pré-suppositions, les liaisons…)
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      • Aaaaaah je comprends mieux pourquoi je ne vois pas l’Ericksonien dans ton approche: tu rends publique ta façon de faire SAUF tous les éléments issus de l’hypnose Ericksonienne ! Bien joué Jean Emmanuel ! Juste une question: c’est pas trop dur de changer de style dès que la caméra est là ?

        Merci de m’avoir éclairé 🙂

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        • Je rends publique une façon simple d’hypnotiser. Ensuite, et je l’ai écris dans la voix de l’inconscient, je recommande à tout le monde d’aller « voir ailleurs », différentes techniques ou pratiques.

          J’ai pris le parti de démystifier au maximum, et de permettre à tout le monde d’obtenir des phénomènes hypnotiques. Et pour ça, rien de plus simple que l’hypnose classique, même si ça ne marchera pas sur tout le monde.

          Or moi, mon but, personnellement, c’est toujours d’obtenir un résultat maximal pour chaque volontaire, l’emmener le plus loin possible dans l’expérience. Et pour cela, je me suis fatalement tourné vers l’hypnose Ericksonienne pour contourner les résistances sur les sujets un peu moins réceptifs.

          Maintenant, même si j’en ai rapidement parlé sur le blog (un article sur les suggestions indirectes), je ne souhaite pas que l’hypnose Ericksonienne y soit développée pour l’instant. Parce que, selon moi, pas accessible à tout le monde contrairement à l’hypnose classique.

          Maintenant, si tu veux continuer à en discuter en privée tu connais mon adresse mail 😉

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  7. Bonjour Jean-Emmanuel, et merci pour ce site qui permet de faire vivre une communauté française de street-hypnotiseurs !

    Je voulais revenir sur la notion, artistiquement floue, de « palette d’outils très large » et de « maîtriser autant de techniques que possible »…Qu’entends-tu par là ? Jusqu’à présent je suis familier avec les notions de pré talk, de set-piece (« exercices d’échauffement » si on peut dire), d’induction, d’approfondissement, de réveil….à quels niveaux intervient la palette de techniques ? Différentes inductions ? Différents approfondissements ? Ou sont-ce des étapes relativement répétables, et la palette intervient-elle dans les différentes façons de faire passer les instructions/suggestions ?

    Je viens de me relire, je ne sais pas si c’est très clair….mais je suis sûr qu’inconsciemment tu as compris ce que je voulais dire ! 😉

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    • Les outils dont je parle sont davantage des techniques et méthodes permettant de s’adapter à la variété des personnes que l’on rencontre afin de contourner les différentes résistances.

      Dans l’eBook, je parle notamment de la méthode Rossi et de la méthode de la voix Off pour contourner certains blocages liés au lacher-prise et à la peur de perte de contrôle.

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