Les croyances en hypnose, c’est important !

Une des premières choses qu’on fait, au début, quand on apprend l’hypnose, c’est d’apprendre à démystifier. Retirer les fausses croyances. On construit son pré-talk, on pratique un petit peu, et avec toute l’assurance du monde, on lance avec force un « On ne peut pas forcer les gens à faire des choses qu’ils ne veulent pas ! », et gare à celui qui viendrait faire un rapprochement entre hypnose et manipulation ! J’imagine que chaque débutant passe par cette étape un jour ou l’autre, et après tout, c’est normal.

Et puis un jour, une personne nous pose LA question. Si, si, vous savez, celle qui est particulièrement gênante, qui détruit votre modèle et qui va à l’encontre de votre compréhension. On en a tous une qui traîne quelque part et qu’on n’aime pas entendre. Pour moi, cette question, ça a longtemps été « Mais si tu dis qu’on est toujours au contrôle de ce qu’il se passe, pourquoi est-ce que ton volontaire ne peut plus détacher sa main ? C’est pas de la perte de contrôle, ça ? ».

Et là, Aïe. Ça pique un peu. Difficile de simplement répondre que c’est juste de l’imaginaire, alors que le volontaire en question met toutes ses forces à lutter contre lui-même et que, visiblement, il semble éprouver une réelle difficulté à bouger sa main. Non non, l’imaginaire, il a bon dos, tout comme l’inconscient qui « accepte (ou refuse) la suggestion » selon la réussite (ou l’échec) du phénomène hypnotique. Il y a quelque chose d’autre qui se passe.

« Ouais, mais dans les spectacles, les gens ils font n’importe quoi ! Comment tu peux savoir qu’ils veulent faire ce qu’on leur dit ?! Ils ne feraient jamais ce qu’ils font en temps normal ! »

Ouch, encore une. C’est vrai qu’on a souvent vu des gens raconter qu’ils se sentaient « obligés » de suivre les suggestions. Il y a même certaines personnes qui finissent limite en état de choc émotionnel après être passées sur scène lors de certains spectacles. Si vraiment elles n’avaient pas voulu suivre les suggestions, pourquoi ne les ont-elles pas tout simplement bloquées ? Est-ce que leur inconscient a accepté la suggestion alors que leur conscient ne le voulait pas ? Quelle est cette étrange magie qui fait planer sur l’hypnose le spectre de la manipulation, du mystère et du doute ?

Alors petit à petit, on commence à chercher. On regarde les modèles, on compare les explications, on cherche une vérité là où les gens se contredisent.

« L’hypnose est une manipulation, mais une manipulation du sujet sur l’hypnotiseur ! En hypnothérapie par exemple, c’est le sujet qui manipule l’hypnotiseur pour en tirer un bénéfice : l’hypnotiseur devient l’outil du sujet ! » dit grosso merdo Antoine Garnier.
« Toute communication est manipulation, et on ne peut pas ne pas communiquer » déclare Pank de Hyp-n-ose.
« On ne peut pas forcer une personne à faire ce qu’elle ne veut pas ! », clame Street-Hypnose !

Alors quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe dans la tête des gens à ce moment là ? Est-ce qu’on ne pourrait pas trouver une phrase, un axiome, une base sur laquelle expliquer ces paradoxes ? La vérité doit exister quelque part, d’où vient cette variabilité ?

Réfléchir l’hypnose autrement

J’ai trouvé mes premiers éléments de réponse dans Brain Software, le podcast de Mike Mandel. C’est assez connu sur le forum, c’est un hypnotiseur que j’aime bien. J’aime son modèle, j’aime sa pratique et j’aime bien le bonhomme, aussi. Avant de vous donner simplement l’axiome que j’utilise aujourd’hui, je vous invite à prendre un petit peu plus de distance vis-à-vis du modèle d’hypnose que vous utilisez. Qu’est-ce qui, dans votre pratique, fait que vous obtenez les résultats que vous obtenez et pas autre chose ?

Je relie immédiatement cette question à l’excellent article de Raphaël sur l’importance du cadre (que je vous invite fortement à lire si vous ne l’avez pas encore fait), mais j’aimerai prendre encore plus de recul, aller plus loin. Qu’est-ce qui fait qu’un cadre limite et influence les réactions des personnes sous hypnose ? Que pose le cadre, réellement ?

Un cadre pose des limites. Il pose des limites par le lieu, l’environnement (pas de thérapie en rue, par exemple), et il pose des limites par suggestion. Certains l’appelleront démystification, d’autres fusible, d’autres encore pré-talk, mais qu’importe son nom : ce qui est important, c’est que ces suggestions limitent les expériences. Elles encadrent. Elles adaptent les croyances du volontaire pour créer le cadre qui va conditionner l’expérience hypnotique (de rue, de thérapie, de spectacle).

Au regard de cette prise de distance, quel est l’axiome qui permet d’expliquer les différentes réactions obtenues en hypnose lorsque l’on change le cadre ? Un petit retour à Mike Mandel :

« Hypnosis is context driven »

L’hypnose est dirigée par son contexte. Première pierre dans mon avancée. Le cadre, le contexte et ses suggestions influencent les réponses aux phénomènes hypnotiques. Qu’est-ce qui change quand on change de contexte ? On change d’hypnotiseur, on change de sujet, mais plus important encore, on change les croyances liées au cadre. Et on change les croyances à tous les niveaux : pour l’hypno et pour le volontaire/sujet/client.

Prenez deux exemples contraires : la thérapie et le spectacle.

Je reprends la thérapeute de l’article de Raphaël : dans ses croyances, faire une amnésie, c’est difficile. Du coup, ça devient difficile pour elle de faire une amnésie !
De même, pour le volontaire en spectacle qui croit qu’il est sous l’influence de l’hypnotiseur, et qu’il doit faire tout ce qu’il dit, sa croyance devient réalité !

Adaptez vos croyances !

C’est l’un de leurs effets : en les changeant vous modifiez votre perception du réel, vous altérez votre réalité afin de voir ce que vous voulez voir, et c’est un mécanisme inconscient.

L’axiome que j’utilise donc aujourd’hui est le suivant : on va en hypnose avec ses croyances. Elles conditionnent l’expérience hypnotique, et la plus grande partie des croyances vis-à-vis de l’hypnose est établie durant le grand recadrage qu’est le pré-talk.

Je ne vous demande pas d’accepter cet axiome comme une vérité, bien au contraire. Mais c’est quelque chose qui a tellement augmenté ma compréhension que je le partage avec vous. Gardez bien en tête que je ne suis aucunement détenteur de vérité : ce qui compte, c’est que vous vous forgiez votre modèle d’hypnose, votre compréhension. Allez voir ce qui se fait ailleurs ! Diversifiez vos apprentissages et variez les modèles. Testez.

Petit à petit, on se forge sa propre vision de l’hypnose, et on comprend les choses différemment. Quelles sont les croyances fondatrices de votre pratique ? Et quand vous allez les remettre en cause une à une, de quelle manière votre pratique va-t-elle devenir infiniment meilleure ?

Posez vous ces questions, réellement, et constatez vous-même les changements qui vont s’en suivre.

Alors, aujourd’hui, vous en êtes où dans vos croyances ?

Koten

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8 réflexions au sujet de “Les croyances en hypnose, c’est important !”

  1. MERCI MERCI MR KOtKOt
    C’est toujours agréable de se requestionner sur des choses utiles et nécessaires afin de proposer une séance la plus correcte possible !

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  2. merci Koten pour ton article vraiment très intéressant dans mon parcours actuel qui part dans tous les sens, je suis en pleine lecture « de la nature de l’hypnose at de la suggestion » tome 1 de Milton H.Erickson suite à ton conseil, je prends pas mal de note sur les différents bouquins que je lis et j’essaie au mieux de cumuler l’ensemble des points qui me semblent importants dans mes recherches.

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    • Ha, super Ronald ! Tu me diras ce que tu en as pensé, d’Erickson ! Ce sont vraiment des livres à avoir, à lire et à relire. Pour les Collected Papers, ça peut se lire dans tous les sens… Bon courage pour toutes tes notes !

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  3. oui, quand j’ai rencontré street hypnose en aout, c’était ma réflexion personnelle … il vous est demandé de croire et de vouloir, de vouloir et de croire, je n’arrêtais pas de le répéter lol … tout n’est que croyance et intention … Personnellement je travaille le cadre en hypnose … je fais visualiser un cadre (cadre de vie, zone de confort etc) on l’arrondit, on en fait une bulle de positif, et la personne la réintègre … paske l’inconscient parle par symbole, avant chaque pensée, il y a une image … bah des réflexions … et nan, perso, les cadres et les recadrages, c’est pas ma croyance … quand c’est fait avec des notions sandwich de pnl ça va, sinon, quand c’est fait comme un boucher, ou avec position haute (souvent, trop souvent) ça joue plus … et ça rebondie … et ça surprends … tout n’est que croyance et INTENTION … faut faire attention ou on les places, ça peut faire des ravages dans le mental et dans le cœur de certaines personnes … alors, avant de trop mentaliser, définir, cadrer, recadrer, compliquer, pourquoi pas se demander ce qu’est l’intelligence ??? et surtout tenter d’aller vers l’autre, celle qu’on exploite peu, en fin de compte … .. . l’intelligence du cœur . plutot que l’importance du cadre . .. …

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    • Je suis d’accord avec toi au sujet de l’intention, et il est vrai que tu n’as pas à croire à l’existence d’un cadre pour diriger tes séances : le cadre EST là d’une manière où d’une autre. Le modifier avec un travail de sous-modalité n’a à mes yeux d’intérêt que s’il doit être changé. Certes, tu peux obtenir une expérience plus positive tel que tu le fais, cependant je préfère dans ma pratique la loi du moindre effort : si ma suggestion n’est pas orientée, si elle n’est pas efficace, je la laisserai de côté pour me refocaliser sur l’essentiel… En ce sens, créer une « bulle de confort » ne m’apparaît pas comme une priorité dans mes séances de rue, par exemple. Je fais néanmoins confiance à la calibration avant, pendant, et après tout travail ! Une bonne calibration avec une bonne intention positive permet déjà de bien orienter la séance… et ça, c’est également poser un cadre.

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  4. En effet, j’avais également remarquer se genre de chose.
    Si on prend pour exemple Messmer, par sa popularité il c’est forgé une réelle influence , beaucoup de gens pensent et CROIENT que Messmer a une sorte de pouvoir sur l’esprit d’autrui et qu’il a la faculté de contrôler facilement n’importe qui n’importe quant. C’est en cela que le pouvoir de la croyance intervient et qu’un nombres énorme de personne serai sur une influence totale face a Messmer. Au delà de ça les croyances conditionnent énormément nos vies et le pouvoir de l’hypnose en est une véritable preuve. On est ce que l’on croit être et ce genre d’experimentation le prouve. Celui qui croit fermement que l’hypnotiseur peut le manipuler entièrement n’aura aucun pouvoir ou très peut de pouvoirs de contrôle sur lui même pendant une séance de même que celui qui se dit à longueur de journée qu’il est nul est qu’il n’arrivera jamais rien envoi comme des suggestions à son propre inconscient, une croyance se formera et en effet cette personne ne fera sans doute pas grand choses de sa vie.
    Dans ces deux cas il faut simplement savoir se re-conditioner et remplaçant ses croyances limitantes pas des croyances qui boostent!
    Le tout c’est de rendre notre inconscient notre meilleur ami au lieu de le laisser nous détruire en temps que meilleur ennemi.

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    • Bonjour Satuf,
      Ce que tu dis est intéressant, et, d’après toi, quelles sont les croyances « qui boostent », et quelles sont les croyances qui te limitent ?
      Tu parles de l’influence de Messmer et du « pouvoir » que ses sujets lui accordent, ce qui est vrai. Là où je ne te suis plus, c’est quand tu bascules dans les croyances limitantes, car ce point n’a pas de lien avec l’influence de Messmer. Je ne vois pas en quoi accorder un pouvoir à quelqu’un constitue une limite… Si tu te places du point de vue de Messmer, l’entretient de cette croyance permet au contraire de libérer sa pratique, plutôt que de se mettre lui-même des bâtons dans les roues. C’est pour le volontaire que la croyance de l’hypnotiseur devient une limite. Aussi faut-il faire attention et se questionner : le volontaire a des croyances, mais de quelles manières nos propres croyances d’hypnotiseurs limitent-elles ou libèrent-elles également notre pratique ?
      La limite d’une croyance est quelque chose de relatif, quand on semble y penser… N’est-ce pas ?

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