Les métaphores, des images qui nous parlent

Faire passer une suggestion, c’est principalement convaincre la personne d’accepter (inconsciemment) l’idée que l’on souhaite lui transmettre. Nous savons tous que l’inconscient fonctionne principalement avec les images, les émotions ou les ressentis. Avec la métaphore, il s’agit donc de faire passer un message en utilisant de préférence ces canaux bien particuliers.

Présentation AFNH

Ce week-end, j’ai assisté à la formation « hypnose classique » organisée par l’AFNH (Association Française de Nouvelle Hypnose). En tant que participant le samedi, et en tant qu’animateur le dimanche matin. Mon objectif était de présenter l’hypnose de rue, nos techniques, et faire le parallèle avec la gestion de la douleur (non chronique). Autrement dit, comment gérer la douleur – notamment dans les cas d’urgences – grâce à des techniques d’hypnose plus rapides et plus directes. En même temps, j’ai tenu à démontrer à quel point il était important de ne pas se limiter aux techniques de spectacles pour favoriser des taux de réussites importants. Un bon hypnotiseur de rue ne se limitera pas aux suggestions directes, il devra forcément tôt ou tard adapter son profil, ses outils, et comprendre comment fonctionne l’hypnose Ericksonienne, entre autre chose. Plus notre palette d’outils est grande, et plus nos chances de succès augmentent également avec l’ensemble des individus que nous abordons. Parce que savoir s’adapter est primordial.

Et la métaphore rentre en jeu…

Durant cette présentation, j’ai réalisé de nombreux tests sur la quarantaine de personnes présentes, principalement des médecins et para-médicaux, même s’il y avait également des non professionnels de santé.

La catalepsie des paupières

J’ai réalisé par exemple une catalepsie des paupières sur l’ensemble des participants. L’objectif était de démontrer par l’expérience que l’on pouvait obtenir cette catalepsie, à froid, avec divers degrés d’intensité. Souvenez-vous, je vous parlais il y a quelques temps de la différence entre distraction, dissociation et somnambulisme. Pour moi, et ce sera bien explicité dans la version complète de l’eBook, il y a trois degrés d’intensité pour chaque phénomène hypnotique (à quelques exceptions près).

La degré que j’appelle distraction, c’est simplement avoir un bug et ne pas avoir envie d’ouvrir les yeux, par exemple. On peut également avoir l’impression de ne plus trop savoir comment envoyer les bons signaux pour les rouvrir. On sait qu’à tout moment on peut les rouvrir, mais malgré tout ils restent fermés. En général, si l’hypnotiseur arrête de parler, la personne réussit à rouvrir les yeux au bout de quelques secondes.

Avec la dissociation, on commence à sentir une vraie résistance. Le phénomène hypnotique se stabilise, et devient durable. Pour certaines personnes, il s’agira d’une sensation de lourdeur au niveau des paupières. Pour d’autres, l’impression qu’une force empêche de les ouvrir. Peu importe, tant que l’effet est là. Aussi, la personne reste raccrochée à la réalité, et sait que quelque chose de bizarre, d’anormal, est en train de se passer.

Le somnambulisme est l’intensité maximale d’un phénomène hypnotique, là où la personne vit pleinement et involontairement la suggestion. En d’autres termes, elle a l’impression d’avoir les yeux réellement collés même si elle ne sait pas vraiment pourquoi. Elle pourrait forcer autant qu’elle peut au niveau des yeux, qu’ils resteraient de toute façon totalement fermés.

Résultat de l’expérience

Revenons à ma petite expérience. Sur la quarantaine de personnes qui ont joué le jeu, j’ai dû avoir la moitié environ qui dès le départ ont eu les yeux collés. Après 15 ou 20 secondes de blabla, certains avaient fini par rouvrir leurs yeux. Les personnes pour qui les yeux étaient toujours clos après ce laps de temps étaient donc dans les phases de dissociation ou de somnambulisme. C’étaient ces personnes qui m’intéressaient pour ce test.

En effet, la distraction n’apporte pas beaucoup d’information en lien avec les métaphores. Tout au plus, comme je l’ai dis, la personne aura juste l’impression de ne pas avoir envie d’ouvrir les yeux. Alors que ce que je voulais, c’était montrer qu’il y avait des interprétations et des perceptions différentes d’une même suggestion.

Chacun sa métaphore

J’ai donné en tout et pour tout une dizaine d’images différentes pour un même résultat : les paupières restent fermées.

  • L’impression de ne pas avoir envie de les ouvrir.
  • Les paupières sont lourdes, pesantes.
  • De la colle entre les paupières.
  • Une force qui empêche de les rouvrir.
  • L’impression de ne plus connaître le mécanisme pour les ouvrir. Notion de « bug ».
  • Image d’une fermeture éclaire au niveau des yeux.

Et aussi fou que cela puisse paraître, lorsque je suis allé les interroger un à un pour qu’ils expriment ce qu’ils avaient ressenti, je crois que toutes les métaphores que j’ai proposées sont ressorties. Même la fermeture éclaire, et la personne en question de rajouter que c’était même « assez flippant » d’avoir l’impression que ses yeux paupières étaient attachées de cette manière peu banale.

Si je n’avais donné qu’une métaphore, j’aurais donc eu des résultats moins bons. Peut-être plus de distractions, et moins de dissociations. Le but n’est pas à chaque fois de faire une liste de toutes les métaphores qui vous viennent à l’esprit en espérant que la personne en accepte une au passage. Mais quand l’une d’entre elle se révèle peu efficace, n’hésitez pas à enchaîner sur une autre avant de décréter que la séance est un échec.

Le cas amnésie

Je pourrai vous présenter mille et une façons d’obtenir une amnésie. Et que l’une d’entre elle ne fonctionne pas sur un de vos volontaires ne veut pas dire que toutes les autres ne fonctionneront pas non plus. Et quelques fois, cela ne dépend même pas de la personne hypnotisée, mais de VOUS. Peut-être allez-vous être plus confiant avec l’une, ou l’autre. Peut-être allez-vous être plus à l’aise, ou plus convaincant, et le résultat pourrait du coup être beaucoup plus probant.

La métaphore du tableau

On fait imaginer un tableau, sur lequel la personne écrit (ou dessine) l’information à oublier. Ensuite, on lui demande d’imaginer un effaceur très puissant qui va venir effacer cette information du tableau, symbolisant ainsi pour son inconscient l’oubli (temporaire) de cette information. Son prénom, un chiffre, peu importe.

La métaphore de la ventouse

Ma version favorite de l’amnésie. On fait coller une main sur la tête comme si c’était une énorme ventouse. Et puis on suggère que cette ventouse va aspirer littéralement l’information à oublier à l’extérieur de leur esprit. La personne peut même enfermer cette information dans sa main, et tant qu’elle conservera cette main fermée, il lui sera impossible de se souvenir de cette information.

La métaphore du rêve

C’est ainsi qu’à l’état d’éveil, je prend énormément de plaisir à faire des amnésies en expliquant le fonctionnement d’un rêve qui s’en va au petit matin. Vous avez tous déjà eu cette sensation d’avoir fait un rêve génial, dont vous voulez absolument vous souvenir, jusqu’à que vous ouvriez les yeux. Et il suffit alors que vous soyez distrait l’espace de quelques secondes pour que le rêve fiche le camp et devienne inaccessible.  Vague, flou, lointain… Et il est déjà trop tard. Il perd littéralement de son sens. Imaginez maintenant que cette sensation remonte en vous, maintenant, et s’empare de votre prénom. Et il s’en va, de plus en plus loin. Comme ce rêve qui prend le large, le prénom disparaît au loin.

La métaphore du mot sur le bout de la langue

Vous avez tous déjà eu cette impression d’avoir un mot sur le bout de la langue, et de ne pas pouvoir le sortir. Comme s’il était là, tout proche, et en même temps bizarrement très loin et impossible de mettre la main dessus. Plus vous essayez de vous en souvenir, et plus l’information s’en va. Et même si vous avez l’impression de voir l’information dans votre esprit, vous restez incapable de la sortir.

Le mot de la fin

Abusez des métaphores. Plutôt que de dire « tes mains se rapprochent », faites plutôt imaginer ces puissants aimants, qui s’attirent irrésistiblement tant la force magnétique qui s’exerce entre eux est forte et intense. Vos résultats vont inévitablement s’améliorer !

Jean-Emmanuel

Passionné d'hypnose depuis 2008, Jean-Emmanuel partage avec vous toutes ses expériences et son savoir faire afin de vous permettre d'apprendre l'hypnose dans les meilleures conditions possibles. Il est également auteur du livre "la voix de l'inconscient".

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2 réflexions au sujet de “Les métaphores, des images qui nous parlent”

  1. Merci pour ton intervention du week end,c’était très convaincant. Tu maîtrises ton sujet et sais surfer avec habileté sur les différentes techniques d’ hypnose. Belle démonstration en toute simplicité, bel état d’ esprit, sans doute le meilleur « morceau » du week end!
    Merci Jean-Emmanuel.

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