Qui n’observe rien, n’apprend rien

Je suis ici aujourd’hui pour vous parler d’un point qui pour moi est essentiel en hypnose : le sens de l’observation. J’entends par là votre capacité à être attentif à votre environnement et à vos interlocuteurs.

Une qualité indispensable pour une bonne séance

Comme vous l’avez déjà lu à plusieurs reprises sur ce blog, ou même sur le forum, un hypnotiseur doit s’adapter à son volontaire à chaque instant de la séance :

  • lors de la sélection des personnes à aborder, pour limiter les risques de refus,

  • lors du pre-talk, pour lui donner envie de vivre l’expérience et apaiser toutes ses craintes,

  • lors des suggestions pour détecter s’il est nécessaire d’insister ou d’utiliser une autre métaphore,

  • lors de l’induction pour effectuer la rupture de pattern au bon moment,

  • tout au cours de la séance pour rassurer le volontaire et lui faire passer le meilleur moment possible.

Bien entendu, il est difficile de se concentrer à la fois sur ce que fait notre volontaire et sur ce que l’on est en train de dire lorsque l’on débute. Mais sachez qu’à terme, la diction devenant automatique, il est alors primordial de développer votre sens de l’observation.

La sélection des volontaires

Pour limiter les risques de refus, on se base souvent sur l’observation des personnes que l’on va aborder : il parait logique qu’un groupe de personnes qui est assis de façon détendue sur un banc sera plus disposé à vous accorder un peu de temps qu’une personne seule qui se dirige vers le métro d’un pas rapide.

De même, une personne qui a l’air renfermée sur elle même sera moins engageante, et probablement moins apte à vous laisser votre chance.

Il ne s’agit pas non plus de juger les potentiels volontaires, et de les disqualifier d’office, mais bien d’augmenter le potentiel de réussite lorsqu’il y a beaucoup de monde.

Choisir le bon moment pour débuter la séance

Le but du pre-talk est de présenter l’hypnose avec pour objectif de donner envie à notre volontaire de vivre l’expérience, tout en répondant à ses questions et à ses doutes.

Là encore, l’interaction avec votre potentiel volontaire doit vous permettre de deviner s’il est prêt à se concentrer sur l’expérience, sans se cacher derrière des craintes ou des préjugés négatifs. Le bon moment pour démarrer les tests est généralement lorsque vous voyez que vous avez piqué leur curiosité.

Cela vous permet aussi de ne pas jouer les lourds en vous évertuant à vouloir convaincre une personne trop réticente qui au final ne ferait certainement pas un bon volontaire (car elle sera dans la retenue durant toute la séance).

La clé pour limiter les “risques d’échecs”

Bien qu’on ne puisse pas réellement parler d’échecs lors d’une séance d’hypnose, il s’agit généralement plutôt de résistances et d’apprentissage, certains signes nous permettent de préjuger de la réussite d’une suggestion avant même de la tester.

Un exemple simple : avez-vous déjà remarqué que certains volontaires avaient le regard que se “voilait” lors du test des doigts aimantés? Cette impression que votre volontaire est complètement absorbé par la séance et parfaitement concentré. C’est un signe de transe légère qui permet très souvent une catalepsie à “l’état d’éveil”, ou du moins avant l’induction. Je l’utilise souvent pour coller les doigts au moment où ils se touchent !

L’observation nous permet ainsi d’aller plus rapidement plus loin avec les volontaires qui s’abandonnent pleinement à l’expérience, tout en ne brûlant pas les étapes avec ceux un peu plus sur la réserve.

Il en va de même pour l’induction : lorsque vous pratiquez une induction les yeux ouverts (type butterfly, ou hand-to-face), vous pouvez assez facilement constater qu’à un moment donné, le volontaire passe en “mode automatique”, le regard se voile. C’est en général le bon moment pour induire la perturbation qui lui permettra de complètement se laisser partir.

Le meilleur moyen d’assurer une séance saine

On ne le dira jamais assez, le bien-être de vos volontaires doit être votre priorité. A aucun moment ils ne doivent trouver l’expérience désagréable, contraignante ou effrayante. Vous devez rester concentré sur ce qui transparaît sur leurs visages, dans leurs postures, pour réagir en une fraction de seconde en cas de soucis.

Si par exemple un volontaire prend peur lors d’une catalepsie ou une amnésie, faites la sauter immédiatement, bombardez-le de suggestions positives. C’est aussi probablement le bon moment pour faire un réveil propre et énergisant et mettre un terme à la séance. Vous pouvez continuer à discuter après, mais n’enfoncez pas le clou en essayant de lui forcer la main, sinon c’est l’abréaction garantie.

Si une personne a l’impression de complètement perdre le contrôle et qu’elle prend peur, vous pouvez aussi lui montrer qu’elle peut refuser une suggestion (ce qui normalement a déjà été dit dans le pre-talk). Par exemple, dites-lui que pour lui prouver que c’est toujours elle qui a le contrôle, vous allez lui demander de refuser d’avoir les mains collées lorsque vous allez lui demander, puis vous faites votre suggestion des mains collées (essayez d’y mettre moins de conviction, ou du moins de ne pas insister, pour s’assurer de ne pas faire passer la suggestion, c’est de l’auto-sabotage, mais ça évite d’entretenir la peur).

En deux mots, restez bienveillant envers vos volontaires, quelles que soient les circonstances. Durant la séance, c’est vous qui êtes responsables de leur bien-être.

Un atout dans la vie de tous les jours

Lorsque vous communiquez avec quelqu’un, avez-vous déjà essayé de l’observer ? Vous seriez surpris de constater le nombre d’informations que l’on est capable de retirer en étant simplement attentif.

A vrai dire, lorsque l’on discute avec quelqu’un, on est souvent tellement absorbé par la composante orale, ce que l’on dit, ce que l’autre dit, ou par son propre ressenti, qu’on laisse à l’inconscient le soin d’analyser le langage corporel. Le souci d’un tel comportement c’est qu’il amène fréquemment des situations où l’on a l’impression de comprendre ce que l’autre veut dire, alors qu’en réalité nous n’en saisissons qu’une infime partie.

Pour une communication plus efficace

On a souvent tendance à penser pour les autres. On se fait une image de leurs réactions, de leurs pensées. Cette image conditionne souvent nos propres réactions, par anticipation des leurs.

Le souci est que bien souvent, nous avons une image erronée, il ne s’agit que d’une projection de nos propres pensées sur les leurs. Cette erreur est commune et entraîne souvent des situations d’incompréhension et de conflit.

Une meilleure observation vous permet ainsi de vous baser plus sur les faits, sur ce que vous remarquez. Dans le doute, poser des questions pour éclaircir certains points est généralement une bonne idée.

En utilisant cette approche, il est aussi plus aisé d’expliquer convenablement certaines choses, en s’assurant que la personne en face de nous les comprenne, et éventuellement, adhère à notre point de vue.

Il s’agit ainsi d’une qualité majeure que doivent posséder managers et commerciaux pour correctement exercer leurs métiers. Cependant, tout le monde gagne à développer son sens de l’observation au quotidien.

Un vecteur de développement personnel

Là où cette compétence devient réellement intéressant, c’est lorsque l’on est capable de l’appliquer à soi-même. En effet, on est souvent surpris quand on prend conscience de certaines de nos réactions et de certains de nos automatismes.

Ne vous est-il jamais arrivé de constater un tic de langage ? Une réaction automatique ?

On dit souvent que pour se développer, il faut commencer par se comprendre et s’accepter. En s’observant, on fait remonter à la conscience des comportements jusque là inconscients, il nous devient alors possible d’influer sur ces comportements si nous souhaitons les modifier, ou simplement d’en apprendre les mécanismes pour être en mesure d’y faire appel à volonté.

Mieux se connaître est de plus un excellent moyen de s’accepter et de se rendre compte que finalement, nous ne sommes en général pas si loin que ça de qui nous souhaitons être.

A vous de jouer !

Tout le monde est capable de développer son sens de l’observation par de petits exercices quotidiens simples : faites preuve de curiosité, essayez de vous intéresser à ce qui vous entoure, regardez les gens marcher dans la rue lorsque vous vous déplacez vous-même. En bref, ouvrez-vous au monde extérieur, vous serez surpris de ce que vous y trouverez.

Comme je le dis souvent : testez et laissez-vous surprendre!

Aurélien

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4 réflexions au sujet de “Qui n’observe rien, n’apprend rien”

  1. Merci pour cet article Aurélien. Il est très enrichissant.

    L’importance de l’observation parait évidente, et pourtant je pense qu’on est beaucoup à ne pas y être assez attentif, moi le premier.

    Je vais faire des efforts à ce niveau.

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  2. Merci Aurélien !

    Tu as dis tout haut ce que je pense tout bas,
    moi j’aurais eu beaucoup de mal a l’expliquer alors bravo à toi

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  3. Moi je n’en suis pas encore au stade où le discours est automatique, loin de là ! Du coup c’est vrai que j’ai du mal à tout faire en même temps : choisir ce que je vais dire, le dire, observer les réactions, m’adapter, etc etc…

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