Dans la maison du miroir, Alice joue avec son chat. Non loin d’eux, un échiquier trône tandis qu’ils s’amusent à se rouler contre la moquette en riant. Fatiguée par ces péripéties, la jeune enfant observe mollement le salon autour d’elle tandis que la boule de poils vient se loger sous sa main. Rythmée par les ronronnements, ses yeux se posent à droite, à gauche, puis sur l’immense miroir qui trône au dessus de la cheminée. Là, elle peut se voir, et voir les choses autour et aussi les choses autour du miroir… Happée par ses pensées de prime abord, elle se décide finalement à se laisser happer par le miroir lui-même, où elle sera amenée à jouer une partie d’échec grandeur nature. Coachée par la reine, elle devra parcourir les huit cases, qui sont autant de vastes mondes, bordées de prairies ou de forêts, séparées par des ruisseaux, jusqu’à devenir reine elle-même.
Et cela prend un roman !
Imaginez au contraire que l’échiquier eut été une patinoire. Alice serait devenue reine en un chapitre à peine ! Si chaque case est une énigme, si chaque pièce a sa personnalité propre et nous narre son histoire lorsque nous la croisons, il est impossible de venir à bout sereinement d’une partie !
La lecture de « De l’autre côté du miroir » de Lewis Carroll, m’a furieusement rappelé un voyage que j’avais moi-même effectué, en compagnie d’un échiquier. Je menais alors une expérience sur l’hypnose et le jeu d’échec, que je m’en vais vous narrer ici-bas.
Comme nous encodons notre expérience interne via les sous-modalités et qu’il est possible d’y accéder sous forme de symboles dans le cadre d’une modélisation, l’idée était de me modéliser moi, lorsque que je jouais aux échecs afin d’expliquer à un ami d’un bon niveau qui n’avait jamais réussi à me gagner comment je pensais afin qu’il puisse enfin me battre.
Commençons par le commencement : le plateau. Alice voyait des ruisseaux entre chaque case, je me souviens pour ma part qu’il s’agissait de petits murets lorsque j’ai débuté. Et plus je m’éloignais de mon côté de l’échiquier, plus les cases devenaient froides et inhospitalières. Le bord adverse me semblait loin, comme perdu dans la brume… Aujourd’hui, dans mon crâne, l’échiquier est lisse, uniformément chaud ; les différentes figures peuvent y glisser avec délice alors qu’elles peinaient naguère à se mouvoir.
Ensuite, les pièces. Alice rencontre tantôt un cavalier, tantôt deux fous qui lui parlent longuement lors de son voyage. Sans aller jusque là, je m’attachais aux différents éléments de jeu, je les personnifiais d’une certaine façon. Aujourd’hui, je ne les envisage plus séparément mais le jeu lui-même comme une seule entité qui change de forme à chaque fois.
Fort de ce charabia incompréhensible, je m’empressais d’expliquer la chose suivante à mon ami :
« C’est quoi ‘savoir jouer aux échecs ?’ Tu sais jouer aux échecs, moi aussi je sais jouer aux échecs. A partir du moment où tu n’as plus à penser au déplacement d’une pièce pour jouer ton prochain coup, parce que ton cerveau le fait tout naturellement, tu sais jouer aux échecs. Ce qui importe alors c’est ta stratégie. Mais c’est quoi la stratégie ? Regarde cette pièce où nous nous trouvons, il y a sept prises, as-tu pensé un seul instant à aller mettre tes doigts dedans ? Lorsque tu traverses un pont, est-ce que la pensée de t’y jeter te vient à l’esprit ? Non. Parce que tu sais que ce ne sont pas de bonnes idées. Parce que tu le sais intuitivement, parce que tu le sais émotionnellement. Antonio Damasio, un neurologue spécialiste des mécanismes émotionnels, a montré que pour faire la différence entre l’infinité des comportements possibles à un instant T et la très petite quantité qui nous viennent à l’esprit, le cerveau utilisait l’émotion. Par exemple, tu es allé aux toilettes tout à l’heure, alors que tu aurais pu faire ça au milieu du salon et jouer avec ton caca mais cette simple pensée te répugne et te révulse profondément. Si je ne te l’avais pas dit, cette option est tellement négativement marquée qu’elle ne te serait jamais venue à l’esprit. La plupart du temps, les ancres négatives que nous avons sur les choses sont très utiles.
Mais le problème, c’est que c’est la même chose aux échecs. Quand tu as appris à jouer, tu as du te prendre des sacrées raclées, comme tout le monde, et ces raclées sont le terreau sur lequel éclosent tes comportements actuels. Ils constituent le prisme à travers lequel tu regardes la réalité de la partie. Imagine que tu es une sorte de hippie qui revient d’une rave party et tu as oublié d’enlever tes lunettes en étoiles qui te font voir la vie en rose. C’est un peu la même avec la partie d’échec mais en prime tu rajoutes des paillettes histoire d’assombrir encore un peu.
Bien, ferme les yeux. Quand tu penses à un échiquier, quelle image te viens en tête ?
X – Euh, je ne sais pas, pas grand-chose.
Alors visualise un échiquier, il est comment ?
X – Il est en bois.
Rends-le le plus lisse possible. Tu peux le vernir si tu veux. Il faut que tu ressentes sa chaleur aussi. Quand tu mets ta main dessus, est-ce que tu peux déjà sentir, comme un pouls amical et doux qui ronronne doucement sous tes doigts ?
X – Non. Mais oui, il est plus lisse, plus chaud.
Il est grand ?
X – Euh… Ben c’est un plateau d’échec quoi, il fait huit cases sur huit.
Pas trop grandes les cases hein ?
X – D’accord (Rire).
Par exemple, quand t’es sur la première case et que tu regardes la dernière case, elle se trouve à peu près à quelle distance ?
X – (Confus) Euh… Je…
Visualise les pièces sur le plateau. Les pièces blanches puis les pièces noires, ou les pièces noires et puis les pièces blanches. Et n’oublie pas, la case blanche est en bas à droite et la dame se place sur sa couleur.
Concentre-toi sur ta respiration, tu peux observer comme cela se fait naturellement à chaque inspiration. Lorsque tu avances une pièce, c’est comment ?
X – Comment c’est comment ?
Est-ce que ton jeu, lorsque tu bouges les pièces et qu’il s’ouvre, est plutôt du genre fleur qui exhale son parfum dans la pièce en séchant ses pétales au soleil, ou plutôt comme un poilu qui est chargé de mener une charge pour vérifier que les Boches en face ont bien reçu leurs stocks de grosse Bertha ?
X – Euh, je vois… (Rire) Plutôt la fleur je crois.
Est-ce que les pièces glissent bien sur l’échiquier ? Si ton jeu était un corps humain, est-ce qu’il aurait le maximum d’espace pour respirer et s’étirer ?
X – Oui, oui, sans doute… »
Fort de ce petit exercice et malgré l’entrain mitigé de mon ami, nous démarrons la partie. Au bout d’une vingtaine de coups, le voilà en difficulté.
« C’est comment à l’intérieur ?
X – Eh bien, je visualise bien tout comme tu m’as dit, mais je n’arrive pas à m’ôter du crâne l’image d’un mur menaçant qui fonce sur moi.
(Observant l’échiquier, puis observant ma représentation interne de la partie à cet instant, je m’aperçus qu’elle était identique à la sienne. En lui expliquant ma façon de penser, je lui avais seulement montré comment perdre.)
Il ne t’inspire pas vraiment ce mur…
X – Non, pas du tout même, je suis bloqué, je ne peux rien faire.
Il est comment l’échiquier ?
X – Il est barré par ce mur énorme qui me cache la vue.
Est-ce que tu peux sentir qu’il est toujours aussi lisse chaud et accueillant qu’en début de partie ?
X – (Agacé) Oui, mais il y a quand même ce foutu mur alors ça ne sert à rien de glisser pour s’écraser dessus. Pff, j’veux ma revanche sur un terrain de rugby, tu feras moins le malin ! (Mon ami est entraîneur de rugby)
Eh bien en voilà une bonne idée ! Tu visualises bien le plateau ? Ses huit cases sur huit ? Bien lisse, chaud et accueillant ?
− (Exaspéré) Oui…
Bon eh ben tu me balances tout ça.
X – (Surpris) Et je fais comment pour jouer maintenant ?
Tu mets un terrain de rugby à la place. »
Mon ami ouvre les yeux, visiblement très confus. Il cligne des yeux et observe quelques instants le plateau, las. Il joue machinalement un coup, puis un autre, reprenant peu à peu intérêt au jeu à mesure qu’il parvient à inverser le rapport de force. Nous poursuivons la partie et je gagne in extremis. Immédiatement, il souhaite sa revanche et parvient alors, pour la première fois, à me battre.
« Tu avais raison, je ne fais pas le poids sur un terrain de rugby !
X – C’était très étrange en fait. Dès que j’ai fait le changement dans ma tête, en regardant la partie j’ai de nouveau vu le mur et j’me suis dit ‘Voyons, qu’est-ce que tu ferais face à un mur au rugby ?’ Alors, la réponse est apparue de façon évidente : s’il y a un mur en face, il faut le contourner. Et ça s’est traduit instantanément en déplacements sur le plateau. Ensuite, c’était beaucoup plus facile de jouer. J’avais des dizaines d’idées de stratégie de rugby qui me revenaient en tête, et je n’avais qu’à les transcrire en déplacements pour voir laquelle serait la plus efficace. »
Je méditais longuement ces parties en attendant les suivantes. Je repassais les différents moments du jeu dans ma tête en essayant de retranscrire mon état de l’instant en images, de façon à voir ce qui avait pu me faire perdre. Différentes représentations internes sont venues, tantôt il s’agissait d’un combat de sumo, tantôt de duel de mousquetaires, parfois l’assaut d’un château ou encore un bombardement sur un campement militaire. Bref, c’était une pagaille monstre ! Si les symboles qui représentaient ma compréhension de la partie changeaient à chaque coup adverse, comment diable apprendre à les manipuler afin d’établir une stratégie valable ?
Je me rendais compte que chaque coup imprévu de l’adversaire agissait comme un recadrage sur ma perception de la réalité du jeu. Un peu comme Alice, qui se voit parfois transportée en un clignement de cils d’un lieu à un autre, de personnages pittoresques en situations rocambolesques, sans cohérence aucune ni aucun lien narratif entre les scènes. Chaque coup devient alors une nouvelle énigme à résoudre. Au contraire, si vous prenez un cadre plus large, celui du roman dans son intégralité par exemple, vous ne faites que suivre une trame, surprenante certes, mais bel est bien invariable dans son aboutissement : la victoire. La partie d’échec peut être envisagée comme un roman qui s’écrit en même temps que vous le lisez. Si vous avez une stratégie et que votre adversaire n’en a pas, alors l’adversaire n’aura comme unique solution que de réagir à la vôtre.
Poursuivons le remue-méninges… Si on montre une même partie à cent personnes, il est très probable que dans la mesure où ces personnes ont des représentations internes différentes, on ait au moins une centaine de lectures différentes. La force de toutes ces lectures de la réalité est qu’elles sont cohérentes avec la réalité.
Imaginez maintenant que vous êtes sur une plage de sable fin et qu’à deux cents mètres devant vous il y a une île luxuriante. Un vent léger, chaud et parfumé souffle contre votre peau et vous pouvez entendre les palmiers bruisser au-dessus de votre tête. L’île vous attire davantage à chaque pas que vous faites en sa direction. Vous pouvez sentir le sable s’humidifier un peu plus entre vos doigts de pied…
Pfiouh ! C’est exactement la même chose !
Certains d’entre vous auront lu, vaguement agacés par cette énième variation autour de la plage, d’autres auront fermé les yeux pour respirer les parfums et l’air frais, d’autres encore auront senti la chaleur du soleil, etc. Si vous deviez décrire la plage, vous auriez chacun vu votre propre plage.
Imaginez maintenant qu’un type débarque en tongues et chaussettes et vous dise « Mais, tu as oublié le distributeur de boissons ! ».
Une partie d’échec est assez semblable : deux touristes en maillots qui construisent, tour après tour, une histoire. Comme chacun doit faire avec les éléments que l’autre incorpore, il est limité dans ses choix. De quoi parle cette histoire ?
« Comment j’ai gagné l’adversaire. »
On comprend alors mieux la nature du combat qui oppose les deux joueurs : donner une interprétation de la réalité (l’emplacement des pièces sur l’échiquier à un instant donné) plus cohérente que celle de l’adversaire, et dans laquelle je suis gagnant. Si on montre le déroulement de cette partie à cent joueurs. Ils le liront donc tous de façon différente, mais également tous de façon cohérente avec la réalité, puisque l’histoire, ou en l’occurrence le débat entre les deux adversaires est terminé.
Si on envisage chaque coup comme une phrase lors d’un débat, on comprend l’intérêt du recadrage, qui permet de changer le sens de ce que dit une personne en lui montrant les présupposés limitants de son modèle.
Imaginons que l’adversaire joue un coup que j’interprète immédiatement comme signifiant « Je t’attaque ». La réponse qui me vient automatiquement à l’esprit est « Je me défends ». Je vais donc réfléchir à la meilleure façon de me défendre et occulter ainsi une grande partie des coups possible.
Si je suis moi-même en train de préparer une attaque et que je juge la sienne bénigne, je peux aussi répondre « Attaque si tu veux, j’suis plus rapide que toi ». Ce sera donc que je juge qu’il sera mat avant d’avoir pu terminer sa propre attaque.
Ou bien, je peux recadrer le « Je t’attaque » en cherchant ce que l’adversaire fait d’autre en m’attaquant. Par exemple, « Tu affaiblis ta défense ce qui me permet de te menacer ici. Chose que je ne pouvais pas faire dans la réalité précédente ».
Il s’agit toujours du même plateau, avec les mêmes pièces aux mêmes endroits. Mais comme on ne cherche pas pareil, on ne trouve pas pareil.
Cette notion de réalité m’intriguait : qu’est-ce qui faisait qu’une était au final plus cohérente que l’autre ? Il y avait probablement le fait d’avoir les modèles internes les plus appropriés à donner une lecture gagnante du jeu. Les plus efficaces. Mais il y avait aussi la vitesse.
Mes propres modèles internes m’avaient toujours donné gagnant, comment cela se faisait-il qu’ils m’aient fait défaut ? En fait, je n’avais pas prêté attention à la stratégie qu’il mettait en place, et lorsque je l’avais fait, c’était trop tard. Quoi que je fasse, j’étais mat en trois coups.
C’était trop tard… Cette réflexion m’amena un nouvel outil pour évaluer les stratégies internes : leur rapidité. En combien de coups ce mouvement s’avèrera-t-il utile ? L’objectif est évidemment de jouer dans le présent, à savoir que le coup que l’on joue doit être utile sur l’instant, et pas en préparation d’un mouvement ultérieur.
Ainsi, la partie suivante, je pus évaluer que mon adversaire mettait environ deux coups à lancer une attaque. Plutôt que de profiter de ce temps pour moi-même passer à l’offensive, comme je l’avais fait précédemment, je bloquais ainsi tous ses mouvements de façon à engluer son jeu. À ne lui laisser aucun espace pour respirer.
Lorsque j’hypnotise quelqu’un, il m’arrive d’avoir une sorte de connexion charnelle, qui part du plexus et qui est liée à l’autre, et par lequel transitent les émotions. Ainsi, lorsqu’une suggestion est mal interprétée, je sens le lien se refroidir et se rétracter et je peux agir en conséquence pour éviter une abréaction. Je crois que c’est en partie de cela que l’on parle lorsqu’on parle de « synchro émotionnelle ».
Le fait est qu’au fur et à mesure des parties, je me suis mis à ressentir également cette synchro pendant le jeu. Et plus je le bloquais, plus je sentais le lien se refroidir, trembloter et se rétracter. D’une certaine façon, mes coups agissaient comme des suggestions pour casser le moral de l’adversaire et le pousser dans cet état de désespoir et d’énervement où l’inconscient n’a plus qu’une envie : en finir, et envoie toutes les suggestions au conscient pour se faire ; à savoir, perdre. Vite !
La première partie fut longue à gagner, mais la suivante bien plus rapide. Comme au bon vieux temps ! C’était comme si notre séance précédente n’avait jamais existé. Ce qui me poussa à croire qu’en vérité, ce que le petit jeu du rugby avait vraiment fait, en plus de lui donner une grille de lecture propice à l’émergence de stratégie, c’était le détacher de la croyance qu’il allait perdre. En effet, je remarquais à plusieurs reprises des erreurs grossières de ma part lors de parties suivantes, mais il ne les nota pas ni n’en tira avantage, ce qui l’aurait amené à la victoire. Un peu comme si cette option, bien qu’elle le démangeait, lui était interdite.
Il m’arrive souvent d’évoquer la lecture pour parler des états de transe. Ces fameux états où le cerveau fonctionne « différemment » ; où il transforme des pixels en idées, des tâches d’encre en émotions. Une partie d’échec induit également des états de transe. On regarde simplement des morceaux de bois sur un damier et pourtant, de fulgurantes batailles se déroulent dans notre crâne, on ressent du stress, de la tension, de la joie et du relâchement aussi.
Lors d’une partie normale, les deux joueurs et l’échiquier s’hypnotisent mutuellement et réciproquement. Plus la partie avance, et plus l’état d’esprit de l’adversaire influe sur nous et vice-versa. Dans les derniers coups, lorsque la tension est à son maximum, cela peut tourner à la guerre des nerfs.
Mon idée était que si je ne l’hypnotisais pas, nous nous hypnotiserions mutuellement en jouant et alors tous les ancrages de défaites et les croyances et routines associées ressortiraient naturellement.
En revanche, si je l’hypnotisais et l’installais dans une bulle avec l’échiquier, sans doute serait-il meilleur et sans doute était-ce cela qui s’était produit lors du match de rugby.
J’eus l’occasion bien malgré moi de mener une expérience à ce sujet. Je comptais tester avec lui quelques idées sur la distorsion du temps et pour ne pas m’embêter à l’induire et approfondir, je lui avais donné comme suggestion avant la partie : « A chaque coup que tu vas jouer, ton inconscient va se réveiller un peu plus et se préparer à te faire entrer très profondément en transe et super motivé pour expérimenter les distorsions temporelles. Quand je dirai le mot ‘Miel’ tu observeras avec délice ton inconscient te faire glisser tout doucement en état d’hypnose. »
Nous démarrâmes donc une nouvelle partie, qui s’avéra si prenante qu’au bout de quelques coups, j’étais moi-même profondément plongé dans mes pensées et absolument insensible au temps qui passait. Puis l’idée de prendre du thé me traversa soudain l’esprit. « Tu veux du thé ? » demandais-je. Je vis alors mon ami se détacher brusquement du jeu, comme sorti d’un rêve, il observa le pot de miel qui se trouvait sur la table et demanda en bredouillant : « Tu as dit Miel ? Non tu n’as pas dit Miel ! Je me demande si tu as dit Miel… »
Pour faire une bonne confusion, le secret est de l’être soi-même. C’était visiblement le cas et sa réaction me plongea dans un flou abyssal l’espace de quelques secondes.
Au vu de la bataille qui se déroulait sur le plateau, nous décidâmes de remettre la distorsion du temps à plus tard et de nous concentrer sur le jeu, quoique je n’ai pas suggéré que l’ancrage de transe qui était lié au déplacement des pièces pouvait disparaître.
C’est donc totalement barré que mon ami poursuivit la partie, et il était diablement bon. Moi, je ne ressentais absolument aucune synchronisation. C’était un peu comme être le seul à ne pas rire dans la salle à un spectacle comique. Un grand vide immense, comme si je n’avais qu’un rôle de figurant dans la partie qui se déroulait sous mes yeux. Il me battit. Non, m’écrasa.
Heureusement, lors des parties ultérieures, je ne l’hypnotisais pas et nous retrouvions instinctivement nos vieilles routines « je gagne – tu perds ».
À mesure que nous jouons contre un même adversaire, nous décodons en quelque sorte ses modèles internes et pouvons instaurer une sorte de routine avec lui. À partir du moment où l’adversaire accepte cette routine, il ne lui reste plus que les trous du gruyère, puisqu’elle mène un peu plus à chaque nouvel ancrage négatif, à sa défaite inéluctable. D’une certaine façon, on pourrait considérer qu’un adversaire battu psychologiquement ne verra pas durant le déroulement du jeu les possibilités de coups pouvant mener à la victoire.
Mais voilà qu’Alice s’éveille déjà, en secouant doucement son chat qui dort sur sa robe. La pendule n’a pas bougé, a-t-elle dormi longtemps ? Était-ce un rêve ? Dans le miroir, elle croit apercevoir furtivement deux reines sur l’échiquier, mais le temps qu’elle se retourne tout est en ordre. Le chat sait quelque chose, mais il fait le dos rond pour se donner une contenance.
L’échiquier l’observe. Quand elle y pense, elle voit des près et des ruisseaux, des rois et des reines, des personnages fantastiques ! Ces modèles ne me conviendraient pas pour gagner une partie ; mais si ils lui permettent de trouver du plaisir et d’avoir envie de jouer, alors sans doute sont-ce les meilleurs qui soient.
Encore cette Alice et ce miroir, ces deux éléments sont-ils donc vraiment indispensable en hypnose conversationnelle?
Le texte était long, bien écrit, trop long et trop bien écrit, ça a fonctionné pour moi, je ne suis pas tout à fait sûr de mon interprétation du « sur quoi », et même si je sais qu’il ne faut jamais expliquer ses métaphores…
Qu’est-ce que j’aimerai comprendre! Mais du coup je perdrai ce que j’ai acquis, ce qui serait dommage… Je suis assez confus pour confuser la Terre entière d’après moi…
En tout cas merci à toi J-E pour le partage et à Raphaël pour l’écriture de ce merveilleux texte!
J’accorde un bonus +2 en confusion à Raphaël pour avoir réussi à troubler Pops sur l’auteur de l’article.
Fichtre, haha, j’avais mal lu. Pour le coup je suis vraiment confus, maintenant, hahaha !
Bon, mots à parts, c’était bien. Merci pour les retours d’expérience.
Sujet de français du BEP 2014 ^^, le miroir est un monde parallèle où l’impossible devient… possible, un rêve en soit.