Hypnose de rue – Compte Rendu (10/03)

Après chacune de mes sorties consacrées à l’hypnose de rue, je ferais un compte rendu en détaillant ce qui s’est bien passé, ce qui fut plus compliqué, et je me donnerais des objectifs à atteindre pour la fois suivante.

Comment j’aborde les gens dans la rue

J’ai deux approches différentes. En général, je commence la journée par la première, et je la finis par la seconde.

Méthode 1 : je suis un hypnotiseur, un vrai, et j’ai peur de rien !

C’est une approche directe et sans détour. Le tout est de se persuader d’être THE Hypnotiseur. Pas n’importe lequel, le meilleur !

Ce n’est pas pour l’égo, mais simplement pour avoir une confiance absolue en soi et la propager aux personnes que vous abordez. Etre persuadé de connaître suffisamment de techniques pour que l’échec n’existe pas. Agir comme si vous étiez le plus talentueux. Cette attitude ne s’acquiert pas en une journée. Il faut du temps. Et surtout, c’est fatiguant quand ce n’est pas inné ou naturel. Le faire une fois ça va, le faire 20 fois sans avoir une seule personne de volontaire au final, c’est déjà plus éprouvant.

On estime qu’une majeure partie de l’hypnose provient de l’attitude de l’hypnotiseur. Une personne avec une voix tremblante, des gestes peu assurés et une attitude sur la défensive aura toutes les chances de rater sa performance. A l’inverse, une personne dégageant une immense confiance en lui, même si ses paroles sont un peu bancales et peu précises, aura beaucoup plus de chances de réussir.

Avec cette méthode, vous abordez les gens en leur expliquant que vous êtes hypnotiseur et que vous recherchez des volontaires. S’ils acceptent, c’est gagné ! S’ils émettent quelques réserves, commence alors le pre-talk pour démystifier l’hypnose. S’ils refusent catégoriquement, passez simplement votre chemin.

Avantage : c’est direct, mais vous essuierez de nombreux (très très nombreux) refus, et quand ils acceptent, vous êtes sûrs qu’ils vont jouer le jeu à fond !

Inconvénient : les préjugés sur l’hypnose ont la vie dure, beaucoup ont peur et vous rejetteront comme si vous étiez un témoin de Jéhovah, ou pire.

Quand j’en ai suffisamment marre de me prendre des râteaux hypnotiques, je passe à la méthode suivante !

Méthode 2 : bonjour ! Un petit exercice d’imagination ?

Cette approche est plus indirecte. Plus souple, plus permissive. Et tellement plus efficace ! Elle s’appuie sur le fait qu’en France l’hypnose est encore un mot tabou associé bien trop souvent aux spectacles et à la manipulation de l’esprit. Le deuxième constat est que n’importe qui peut être hypnotisé sans même savoir qu’il vient d’être hypnotisé. Il suffit qu’il joue le jeu, suive vos suggestions, pour que la magie opère. Une fois la personne bien en confiance, je lui explique qu’elle vient d’être hypnotisée, et je lui demande si elle veut continuer (ils ne disent jamais non à partir de cet instant). On peut ensuite démystifier l’hypnose beaucoup plus simplement en rigolant de tous ces faux préjugés. Vous avez eu l’impression de perdre le contrôle ? D’être inconscients ? Est-ce que vous avez toujours peur de l’hypnose ?

On peut ainsi présenter l’hypnose comme des exercices de concentration ou d’imagination. L’effet sera le même, sauf que le sujet sera acteur et volontaire pour faire l’exercice et tester les limites de son imagination. Chaque phénomène hypnotique est ainsi l’occasion d’encourager davantage le sujet et de pointer du doigt à quel point son imagination est débordante et pleine de ressources.

Avec cette méthode, il n’y a pas d’échec possible ! (sauf dans votre tête) La personne ne s’attends qu’à faire des exercices d’imagination. Si vous déclenchez des phénomènes hypnotiques, tant mieux. Sinon, tant pis, et personne n’en saura rien.

Si vous commencez par les mains aimantées, et que vous ne vous sentez pas prêts pour aller plus loin, vous pouvez simplement les remercier et partir. Ils seront déjà émerveillés par cette sensation étrange des mains qui se rapprochent toutes seules. C’est un bon moyen de se faire la main. En général, quand ça fait un petit moment que je n’ai pas été hypnotiser sur des inconnus dehors, je ressens une forte appréhension lorsque j’aborde les premières personnes, et je me contente de quelques phénomènes rapides (sauf si très suggestible) histoire de faire partir ce stress et me libérer pour les suivantes.

Et si même ces mains aimantées ne fonctionnent pas, c’est certainement parce qu’ils ne vous écoutent pas complètement, ou ne suivent pas vos suggestions. Dans ce cas, vous pouvez les remercier et partir l’esprit tranquille. Je pars du principe que si même ce test des mains aimantées ne marche pas, c’est de leur faute et pas de la mienne (oh la bonne excuse !). C’est certainement faux, ou en tout cas partiellement vrai mais j’ai fini par m’en convaincre pour simplement ne pas ressentir la notion d’échec. Dans ma tête, j’me dis tant pis pour eux, ils ne savent pas ce qu’ils ratent !

Avantage : qui refuserait de participer à un simple petit exercice d’imagination ?

Inconvénient : on ne dit pas toute la vérité, rien que la vérité, en ne mentionnant pas le mot tabou-qui-fait-peur. L’inconvénient est donc tout à fait subjectif.

Premier groupe, premier échec ? Non, semi-réussite on dit.

Le premier groupe que j’ai abordé était un groupe de jeunes assis sur la pelouse, au bord de la Garonne. Normalement j’y retourne aujourd’hui, et je penserais cette fois à prendre quelques photos pour vous montrer mon endroit favori pour hypnotiser sur Toulouse.

C’est malheureusement le genre de personnes que l’on aimerait éviter. Ils sont adorables, gentils comme tout, mais pas du tout prêts à être hypnotisés. Ils rigolaient tellement pendant les exercices que je n’ai pas pu aller beaucoup plus loin. Ils partageaient sans cesse entre eux leurs impressions en ouvrant les yeux sans même que je ne leur demande. « Wow vous sentez ça vous aussi ? Trop énooooorme ! ».

Je détecte néanmoins rapidement le plus réceptif, et je lui fais le test de la carte collée en espérant qu’il reste bien concentré sur ce que je lui dis, et uniquement ce que je lui dis. Le test semble fonctionner correctement, jusqu’à qu’il me dise « j’ai pas compris ce que tu m’as demandé, j’dois la lâcher là ? ». Et effectivement, il l’a lâché. Mais même à ce moment là, ils riaient encore et étaient fascinés par les mains aimantées. J’ai préféré arrêter là pour leur laisser cette belle impression et ne pas m’obstiner pour une cause perdue.

Deuxième groupe, alias les timides

Deux filles, un mec (bouuuuh le chanceux !), en train de discuter très calmement sur un banc. Bien loin des autres fanfarons autour d’eux. J’aime bien les gens calmes, ils prennent le temps de bien m’écouter. On sent souvent dans leurs yeux qui se mettent à briller une certaine fascination pour ce qu’on leur raconte.

Je leur fais faire à tous les trois les doigts aimantés (une variante des mains aimantées, encore plus simplifiée), puis les mains aimantées, et je choisi l’une des deux filles pour le test de la carte. J’enchaîne rapidement sur différents effets de mains / pieds collés et tout est réglé comme du papier à musique. J’essaie de la mettre en confiance, puis je lui demande si elle accepterait que son ami(e) la filme. J’ai rajouté que je lui enverrais par mail et que ça lui ferait un joli souvenir de ce qu’il va se passer ensuite. J’ai été honnête en disant que j’aimerais aussi m’en servir pour montrer aux gens que l’hypnose n’est pas uniquement ce qu’ils voient à la télé. Mais son regard fuyant, demandant de l’aide à ses amis qui ne bougeaient pas d’un fil, a eu raison de mon initiative.
Je suis timide moi aussi, et si on m’accostait dans la rue pour me filmer sans même savoir ce qu’il va se passer ensuite, je pense que je refuserais. Je respecte donc sa décision et continue sans vidéo.

Elle était très ouverte, me posait pas mal de questions, et répondait admirablement bien aux suggestions.

J’ai ensuite fait un ancrage d’auto-hypnose avec mon fameux interrupteur, qu’on a pris le temps de répéter plusieurs fois pour l’ancrer au maximum. Elle avait l’air en tout cas ravie. Moi aussi. Que demande le peuple ?

Le jeu de Go, vous connaissez ?

En continuant ma promenade sur les quais de la Daurade, j’ai aperçu deux personnes en train de jouer au jeu de go. C’est un jeu sur plateau avec des pierres noires et des pierres blanches, originaire d’Asie. J’ai longtemps joué à ce jeu pour finalement atteindre un niveau plus que raisonnable. Même si j’y joue beaucoup moins ces derniers temps, j’aime toujours ce jeu que je trouve passionnant. Je me suis donc présenté, et j’ai finalement reconnu la demoiselle qui vient souvent au club de Go le mercredi soir. On a donc discuté un peu, et j’ai fais une partie avec le monsieur. J’avais bien commencé… Mais j’ai perdu.

Je leur ai ensuite proposé de découvrir ce qu’était l’hypnose à travers quelques petits exercices d’imagination. Tous les tests de suggestibilité ont fonctionné (livres et ballons, mains aimantées), mais je n’ai pas vraiment pu aller plus loin. La carte de Calof a marché une fois sur deux, bizarrement. Je pense que je m’expliquais vraiment très mal, et ils avaient des difficultés à bien comprendre mes suggestions. J’ai passé un bon moment en leur compagnie, et c’est bien là le principal !

Dans l’hypnose de rue, il ne faut pas avoir peur de l’échec. C’est une chance inestimable d’avoir des centaines de personnes à disposition pour s’entraîner, mais il faut toujours garder à l’esprit qu’elles ne nous connaissent pas, qu’on ne les connait pas, et qu’il peut y avoir des facteurs qui rentrent en jeu sur lesquels nous n’avons aucun mot à dire. Des personnes n’aiment juste pas perdre le contrôle et feront tout pour aller contre vos suggestions, même inconsciemment. Vous n’y pouvez rien, il faut l’accepter. Je ne dis pas que c’était leur cas, mais ça arrive quelques fois !

Dernier groupe, des jongleurs

Ils n’avaient pas beaucoup de temps à me consacrer, et moi non plus, il fallait que je rentre. J’ai donc fais une routine très simple mais c’est l’une de celles que je préfère aujourd’hui.

Je vous la présente :

• Mains aimantées
• Carte collée
• Bras tendu impossible à plier
• La main se colle ensuite sur la tête
• L’autre main vient aider et se colle aussi
• Amnésie du prénom (explication en dessous)
• Amnésie du chiffre 3
• Changement émotionnel (rire)
• Suggestions positives

Pour l’amnésie du prénom, j’utilise une métaphore qui marche à tous les coups (ou presque !). Je l’ai même depuis essayé sur quelques personnes sur Skype, et je confirme que ça marche vraiment bien.
Quand la personne a la main collée sur sa tête, je lui demande d’imaginer son prénom en toutes lettres juste en dessous dans son cerveau. Et je lui suggère que lorsque la main va se décoller, elle aura un effet ventouse très fort et aspirera complètement le prénom. Ensuite quand la main se décolle je lui demande de bien fermer la main pour bien l’enfermer. Je lui demande de fixer quelques instants cette main où son prénom est hermétiquement emprisonné. Et lorsqu’il ouvre enfin la main, le prénom jaillit et revient automatiquement.

Pas de vidéo pour l’instant, ce n’est que partie remise !

J’ai demandé à être filmé à plusieurs reprises (j’avais pris mon super appareil photo-vidéo), mais à chaque fois je me suis heurté à un refus ou une gêne très visible. Forcément, pour continuer à les hypnotiser je me dois de ne pas trop insister.

C’est difficile d’imposer à des inconnus dans la rue de se laisser filmer. Je me mets à leur place, je refuserais certainement, ne sachant pas ce qu’il va m’arriver, je n’aimerais pas me retrouver sur Youtube et faire le buzz à mon insu. Je choisis aussi peut-être mal mes sujets, en les préférant plutôt calmes et posés qu’extravertis.

Objectifs pour la prochaine fois :

• Amener un ami pour tenir la caméra et aborder les gens en ayant déjà commencé à filmer. Comme ça s’ils acceptent, ils n’ont d’autres choix que d’être filmés.
• Prendre des photos des lieux où j’aime hypnotiser
• Prendre mon pied